Grégory Panaccione est un homme de challenge. Après avoir réussi une bande dessinée entière consacrée à un chien (si, si), après avoir confirmé son talent de conteur avec un épais one-shot muet de SF préhisto-post-apocalyptique, le voilà qui propose un volume épatant narrant point par point un match de tennis. Oui, vous avez bien lu.

Gonflé comme les mollets de Rafael Nadal, élégamment calibré comme les coups de Roger Federer, plein de bonnes vibrations comme Gaël Monfils, cet album est un pur régal de bande dessinée. Premier set : il réussit à parfaitement reproduire les échanges de petites balles jaunes sur la terre ocre – même s’il est en noir et blanc. Inspiré notamment par le manga, l’auteur alterne les échelles de plans, joue avec les lignes de vitesse et possède une palette d’expressions suffisamment large pour ne jamais ennuyer. Deuxième set : son histoire farfelue est pleine de rebondissements désopilants, avec un chien en guest-star et l’anisette comme improbable potion magique. Troisième set: il déjoue tous les pronostics par une invention permanente, insufflant du suspense ou de l’émotion à des moments opportuns, et explorant tous les registres de l’humour muet. Jeu, set et match donc : Grégory Panaccione remporte haut la main le trophée de l’auteur de BD le plus réjouissant du moment, par sa prise de risque et sa bonne humeur communicative. Bravo !