Matin de canicule
Vincent est producteur de films documentaires animaliers. Un matin, il quitte Paris pour rejoindre Lille, où il doit recevoir un prix. Alors qu’il roule sur le périphérique, il est témoin d’un accident dans lequel décède un motard. Choqué, il quitte la voie rapide à la première sortie et se retrouve en plein Montreuil, ville de son adolescence. Les souvenirs remontent à la surface. Et notamment celui de Marion, qu’il avait gommé de sa mémoire depuis une bonne vingtaine d’années. Et si cet enchaînement d’événements n’avait rien de fortuit ?
Didier Daeninckx, auteur de polars depuis 1984, s’est illustré dans la BD avec des albums comme Carton jaune ! avec Asaf Hanuka ou Cannibale avec Emmanuel Reuzé. Il signe ici un album vénéneux dans la tradition classique du roman noir français : un quidam évoluant dans un milieu urbain interlope, loin des centres touristiques, dans un Montreuil fait de zincs où zonent des ombres humaines ou de camps de gitans régis par leurs propres lois. Tissant avec dextérité une toile dont l’issue ne peut être que fatale, l’auteur maîtrise son scénario et ne lâche pas son lecteur. L’humour noir n’est jamais très loin non plus. Le trait de Mako, réaliste, accompagne cette noirceur mais de manière, malheureusement, un peu grossière : cela nuit à l’expressivité des personnages et à leurs tourments, peu visibles graphiquement. Un bon polar, donc, malgré un dessin en-deçà.
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