Matsumoto
Il y a 20 ans, la secte Aum attaquait le métro de Tokyo au gaz sarin, faisant 12 morts et des milliers de blessés. Mais quelques mois auparavant, le commando – obéissant aveuglément au gourou Shoko Asahara – testait son gaz sur une petite ville nommée Matsumoto. C’est sur cette répétition macabre que se concentre ce livre, autour de quatre personnages aux destinées entremêlées : un adepte de la secte, un policier, un jeune DJ et un type lambda faussement accusé du premier attentat.
À l’heure de la crainte maximale d’attentats terroristes, et 20 ans après ce drame qui a durablement marqué le Japon, voilà un sujet fascinant auquel se sont attelés les auteurs de Terra Australis : les méfaits de la secte Aum, menée par un gourou massif, barbu et aveugle, aussi charismatique que dangereux. Riche de détails sur la préparation de l’attaque, le recrutement des adeptes et leur endoctrinement, les ramifications financières et criminelles de la secte, l’album souffre cependant – assez logiquement finalement – d’un manque de liant entre ses différents personnages (pas toujours intéressants, d’ailleurs)et points de vue. En effet, on navigue de l’un à l’autre sans jamais s’intéresser plus que ça à leur personnalité, car il ne sont que les prétextes à la description des événements. C’est dommage, car le découpage de l’album, en forme de compte à rebours, est efficace, et permet de bien cerner les enjeux. Côté dessin, on est là aussi un peu déçu : Philippe Nicloux était bien plus à l’aise dans son noir et blanc de Terra Australis, plus évocateur et puissant que l’ambiance colorée pâlichonne ou parfois baveuse de ce Matsumoto. Ces deux choix décevants, tant narratifs que graphiques, n’empêchent pas qu’on lise ce one-shot de près de 200 pages d’une traite avec un vif intérêt. Car Aum et son gourou demeurent, deux décennies plus tard, toujours aussi terrifiants.
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