Mauvais Genre
Ça commence comme un conte de fées. Ils sont jeunes, beaux, dynamiques. A la veille de la Première guerre mondiale, Paul et Suzanne tombent amoureux, se marient. Puis Paul part au front.
C’est dans les tranchées que tout se dérègle : la peur de la mort, la fréquentation de l’horreur poussent le soldat à déserter. De retour à Paris, planqué par son épouse, il végète, boit. Puis, presque par hasard, se met à s’habiller en femme pour sortir librement…
Inspiré d’un essai d’historiens (La Garçonne et l’assassin, de Fabrice Virgili et Danièle Voldman), Mauvais genre est une histoire de passion et de folie. Celle d’un couple brisé par la Der des ders, d’un homme qui prend goût à la féminité et à une sexualité variée, au point de devenir la vedette du Bois de Boulogne de l’entre-deux-guerres. Chloé Cruchaudet (auteure de la superbe trilogie Ida) y donne vie avec une grâce émouvante. Les corps occupent élégamment ses planches, la crudité des scènes est toujours parfaitement dosée. Le noir et le rouge s’emmêlent, se heurtent, traduisant la flamboyance de l’amour, l’insupportable désespoir. Sans jamais céder à la complaisance, l’auteure parvient à rendre son récit vibrant, captivant, poignant.
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