Mauvais Sang
Voilà des centaines d’années que Tristan a 8 ans. Et pour cause, c’est un vampire ! Trop chouette, a priori, d’être immortel, d’avoir des tas de pouvoirs, de faire ce qu’on veut dans une immense maison gérée par le taiseux orang-outang Mr Jingles. Mais en réalité, condamné à prélever un peu de sang humain de temps en temps, Tristan déprime car il est tenaillé par des angoisses terribles, insurmontables. Qui l’empêchent de sortir de sa morne routine, de s’ouvrir au monde, aux autres. Alors, quand il rencontre la maman lumineuse de toute une ribambelle de gamins pétillants, qui prend le temps de l’écouter, de le comprendre et de le soigner, Tristan retrouve goût à la vie !
Après un volume un brin décevant (Le Silence est d’ombre), Loïc Clément poursuit ses Contes des coeurs perdus (Chaussette, Jeannot…) avec un nouveau tome enthousiasmant et un nouveau personnage de vampire (dans Chaque jour Dracula, il évoquait le harcèlement scolaire). Pour parler cette fois des crises d’angoisse et de la dépression, qui enfoncent le clou de l’isolement pour un gamin déjà sacrément solitaire. Sur une trame plutôt classique de conte, qui voit un petit garçon apprendre à comprendre les autres, puis se découvrir lui-même au sein d’une famille d’adoption, l’auteur du Temps des mitaines donne la part belle à l’image, un peu comme dans l’épatant Le Voleur de souhaits. En effet, son histoire offre à Lionel Richerand (L’Esprit de Lewis, Dans la forêt) l’occasion de dépeindre des intérieurs foisonnants et de croquer des personnages attachants. Mimiques, détails des décors et accessoires, usage fin de la couleur, des ombres et des matières, il déploie une belle palette visuelle, singulière et envoûtante. Intelligent et éclatant, ce Mauvais sang est un bon cru.
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