Mauvaises mines
Peut-on faire rire avec : une kamikaze avec une ceinture d’explosifs ? des gosses prêts à manger une crotte de chien ? les restes d’un écolier écrasé par un 4×4 ? un black paumé dans une réunion du KKK ? Pinocchio, voyant une bûche dans l’âtre, qui s’écrie « maman! » ? La réponse, apportée par Jonathan Munoz, est, de toute évidence : oui.
Après le raté Godman, on est heureux de voir que Jonathan Munoz a plus d’un (mauvais) tour dans son sac, et sait jouer avec malice sur le terrain de l’humour noir. Très noir. Dans ce volume au format petit comics de la nouvelle collection Glénaaarg!, il conte la cavalcade meurtrière d’un éditeur jeunesse découvrant trop tard qu’il a publié un album d’un mauvais goût trop prononcé. Et entre ces chapitres gentiment potaches, il enchaîne les doubles-pages dotées d’un court texte et d’une illustration, comme un recueil de dessins d’humour du fameux auteur jeunesse au mauvais goût trop prononcé. Et c’est là qu’il réussit le mieux. D’abord car ses images grotesques, puissantes caricatures férocement crayonnées, sont aussi drôles et ahurissantes que certaines cartes à collectionner des Crados. Ensuite, parce que le dessinateur d’Un léger bruit dans le moteur parvient à faire jaillir une vraie folie dans le regard et les postures de ses personnages, qui fait qu’on se demande souvent si on a vraiment le droit de rire (la réponse est oui, souvenez-vous). Dès lors, on se désintéresse un peu de la partie BD, sympathique mais plus attendue, pour se délecter des images sauvages et des sentences cyniques qui les accompagnent.
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