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Mazzeru

16 juin 2017 |
SERIE
Mazzeru
DESSINATEUR(S)
SCENARISTE(S)
EDITEUR(S)
PRIX
29 €
DATE DE SORTIE
29/03/2017
EAN
2203084413
Achat :

En Corse, il y a bien longtemps, Césario travaille à la ferme familiale, à l’écart du village. Chilina, elle, vit avec son père, être triste et brutal. Leurs regards ne font que se croiser. Mais le jeune garçon fait des rêves, des rêves envahissants de chasse, de mise à mort d’une bête dans la forêt. Il pourrait être le mazzeru, messager de la mort à la fois craint et respecté. Chilina, elle, se fait violer par son père, se retourne contre lui et le laisse pour mort. Elle fuit alors pour vivre seule dans les bois. Et tue, par nécessité autant que par vengeance contre une communauté qui l’a laissée tomber.

mazzeru_image1Voilà sans aucun doute l’un des albums les plus marquants de l’année. Avec son très grand format et ses planches muettes, parsemées ici et là de poèmes envoûtants ou de têtes de chapitre comme des pages d’encyclopédie botanique, Mazzeru propose une lecture hypnotique, troublante. Tantôt contemplatif, tantôt d’une grande violence, ce long récit aborde le thème du passage d’un monde à l’autre, celui des vivants et celui des morts, l’enfance et l’âge adulte, la civilisation sclérosante menacée par une certaine sauvagerie, libératrice et primitive. On se perd avec Césario dans ses rêves indéchiffrables, on frémit en suivant le chemin sanguinaire de Chilina, on encaisse la rudesse de la vie dans cette Corse d’un autre temps. À cette grande maîtrise narrative – qui s’illustre notamment dans la réalisation parfaite d’une BD quasi muette – s’ajoute un travail graphique époustouflant, qui fait la part belle aux sensations. Jules Stromboni (L’Épouvantail, L’Ultime Défi de Sherlock Holmes…) a gravé chacune de ses planches sur des plaques de plastique avec un clou, le résultat ne se révélant qu’au passage de l’encre (voir son expo au dernier festival BD à Bastia). Il en ressort des images brossées, griffées, parfois comme passées au charbon ou insolées sous la lumière méditerranéenne, comme de vieilles photos sorties de la malle de l’arrière-grand-père. Le résultat trouve l’équilibre idéal entre conte fantastique et documentaire, entre fable aride et tragédie intime. Tout simplement splendide.

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