Mécanique céleste
Dans ce futur, quelques poignées d’humains survivent dans des ruines, des maisons dans les arbres, des navires abandonnés. Craignant la faim comme de nouveaux dieux, et des zones interdites, qu’on devine contaminées suite à un accident nucléaire. Mais les détails de la grande Histoire, tout le monde les a oubliés. Ignorance et isolement. Ce qui n’empêche pas la petite communauté de Pan de s’organiser démocratiquement. Jusqu’au jour où une puissante fédération dont elle ne soupçonnait même pas l’existence vient la racketter. Seule alternative à la soumission pour les habitants : participer à un jeu, la Mécanique céleste, et l’emporter pour gagner sa liberté. Ou comment le sort d’un peuple se joue au ballon prisonnier…
Seul aux commandes sur ce one-shot, Merwan (Le Bel Âge, Jeux d’ombres, Fausse Garde) développe une dystopie lumineuse, comme un contrepied végétal et souriant au gris et dépressif Hunger Games. Car si son monde est dévasté et que chacun lutte pour sa survie en mode commando, l’auteur insiste sur la renaissance de la nature, la résilience des humains qui ont oublié la cause de leurs maux, pour ne penser qu’au lendemain et à des jours meilleurs. Et il y insère l’idée d’un sport, version boostée du ballon prisonnier, comme catalyseur de la révolution. Et offre de palpitantes séquences d’action, tout en mouvements, champ/contrechamp, changements d’échelles de plan. Un modèle du genre, avec toujours une vraie légèreté par ses aquarelles aériennes, et par son sens de « l’acting » dans l’expression des personnages, s’inspirant juste ce qu’il faut du cartoon.
Surprise aussi : s’il on peut imaginer une fresque dense et militante au début, on découvre finalement qu’il s’agit davantage d’une aventure plus « modeste » politiquement parlant, engagée certes, mais qui privilégie le divertissement au matraquage. Et c’est sans doute là la plus belle idée de Merwan, qui s’adresse clairement aux ados avec ce palpitant récit, souvent drôle, toujours juste. Seuls le prix et le format – idéal pour apprécier la beauté plastique des planches mais peu enclin à attirer les plus jeunes – gripperont peut-être cette Mécanique céleste… Espérons alors que des parents inspirés glisseront ce bel album au pied du sapin, car il mérite une belle vie.
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