Méditer avec « Citrus », délirer avec « Franky (et Nicole) »
Envie de méditer ou de retrouver un peu le sourire au cœur de l’été ? Les revues Citrus #4 et Franky (et Nicole) #5 sauront pleinement vous combler.
Après deux ans d’existence déjà, la revue semestrielle Franky (et Nicole) des Requins Marteaux et Cornélius poursuit son joyeux et vivifiant bonhomme de chemin. Toujours aussi bon et surtout moins fouillis dans sa présentation, ce numéro fourbit les mêmes armes : humour – beauf ou bête et méchant, un peu de cul, de la déviance à rebours de tout conformisme et surtout un panel graphique de choix par des talents émergents ou pas. On retrouve ainsi les délires « horrifico-gay » de l’excellent Olivier Texier, le trop rare Sourdrille dans un casse désarticulé à tendance porno, les pétulants crayons de couleurs d’HTML Flowers, quand Nina Lechartier esquisse l’importance de la merguez dans le choix des vacances et Antoine Maillard saisit un inquiétant mystère dans un polar intimiste en noir et gris.
Souvent tordant, toujours intéressant, vous trouverez forcément votre bonheur dans ces trois cent pages d’histoires sans concessions, avant de vous jeter sur Nicole (et Franky) l’hiver prochain. Bref, « si vous lisez ces lignes, c’est que vous êtes une personne de goût (…) » indique la préface du « premier BD-reportage » de la revue, forcément cheap, en Argentine. Des curiosités, des perles de non-sens et des coups de cœur, oui, acheter et lire Franky (et Nicole), c’est bien militer pour une BD de qualité, vive et créative qui dessine un idéal de tout ce qu’on aime dans le 9e art.
A la croisée des arts graphiques et des sciences humaines et après trois numéros enthousiasmants, la revue Citrus revient avec un opus consacré à Dieu. Son ambition, « parler de Dieu sans faire polémique, en rire sans blasphémer et explorer les pratiques religieuses dans le monde ». Sur un sujet brûlant, les auteurs posent un regard attentif ou insolite, bienveillant ou curieux, entre rigueur journalistique et approche universitaire (accessible tout de même). Retour distancié sur l’actualité (« Ce qui nous rassemble »), témoignage fictif sur les ressorts de l’endoctrinement (Le nom de Dieu) ou chantres du hip-hop chrétien (« Jesus Crew »), articles de fond et courtes BD mettent en lumière un objet mystérieux, transcendant, source d’amour et de fraternité mais aussi de violence. On retiendra notamment la force d’une foi, celle du joueur de rugby néo-zélandais Michael Jones qui, par respect pour sa religion, a (presque) toujours refusé de jouer le dimanche, le privant ainsi de sélections et de phases finales de Coupes du monde.
Judaïsme (« Dans les couloirs de la Yeshiva »), christianisme, hindouisme, bouddhisme, islam, de nombreuses religions sont abordées mais la revue va encore plus loin, du côté des mystiques et de la science : la conscience peut-elle continuer à exister en dehors du corps ? Dédiaboliser, méditer ou se pencher sur un fait majeur de société : ce numéro ouvre encore une fois à la réflexion, à l’introspection et à une meilleure compréhension. Dernier atout : la diversité d’auteurs – pas les plus connus – issus du monde du graphisme, du journalisme ou du champ universitaire. Un casting léché et de qualité pour une revue d’excellente tenue. Vivement conseillé, en attendant le numéro 5 à paraître en octobre (« Manger »).
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Franky (et Nicole) #5.
Collectif, 304 p.
Les Requins Marteaux, 14.50 €.
Citrus #4. Dieu.
Collectif, 208 p.
L’Agrume, 19 €.
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