Megg, Mogg and Owl – Maximal Spleen



Megg, Mogg et Owl forment un trio d’éclopés, égaré aux marges de la vie. Megg la sorcière travestie et désenchantée, Mogg le chat et Owl, le hibou souffre-douleur pas malin de la bande, lancinent dans leur morne banlieue. Pour tromper l’ennui et un réel sans saveur, rien de mieux qu’un peu de fumette, de drogue et d’alcool, saupoudrés de jeux cruels ou zoophiles totalement vains…
Les BD les meilleures ou les plus surprenantes sont finalement celles dont on n’attend pas grand-chose. Maximum Spleen, chronique sociale désenchantée du jeune Simon Hanselmann en fait partie. On avance d’abord à reculons : un dessin qu’on croit amateur, des gags régressifs-débiles juste provocateurs, une légèreté assumée. Puis les pages s’enchaînent, les histoires bercées de spleen aussi. Un propos fort se dessine alors, beaucoup plus grave que la forme ne l’aurait laissé penser. Loin d’asséner son message ou de le répéter malgré des scènes souvent identiques, l’auteur australien creuse la mélancolie et étire le mal-être assommant, montre la vanité de cette quête identitaire, l’épaissit au point de les matérialiser. L’apparente naïveté graphique, enfantine, cédant alors le pas à une profonde amertume d’adulte lucide. Derrière le rire de façade se dégage une profonde noirceur d’une justesse chirurgicale, qui file la déprime et sème le malaise. Le rire béta des débuts muant alors en détresse sourde, dans des pages finales émouvantes. Bref, la dépression n’a jamais été aussi palpable et c’est effrayant.
Seuls à jamais ou en galère avec les meufs, Megg, Mogg et Owl se vautrent dans l’ennui, seul horizon possible d’une vie passée à errer. Cette BD remue et vise donc terriblement juste en communiquant un mal-être indicible, résultat d’une modernité étouffante. Chapeau !
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