Megg, Mogg et Owl à Amsterdam
Le trio d’éclopés navigue toujours à vue au pays des junkies. Owl, souffre-douleur, subit la douce cruauté de ses comparses d’appartement. Megg, toujours déprimée et amorphe, se drogue, fume ou mate des DVD sans intérêt et s’aventure du côté de l’adultère. C’est la charmante Booger, aussi adepte de la fumette, qui l’initie à d’autres expériences sexuelles. Et c’est son copain Mogg, pauvre chat esseulé, trompé et complètement nympho, qui va en faire les frais. Sans compter sur l’insupportable Werewolf Jones et ses enfants analphabètes, Diesel et Jaxon, irrécupérables cas sociaux prompts à organiser des saunas domestiques…
Voilà le troisième tome des aventures dépressives de Megg, Mogg et Owl, toujours empêtrés dans leur quotidien neurasthénique saturé de bières, de drogues et de fêtes bancales. Owl, lui, persiste dans sa loose et son rôle de punching-ball, sans rendre plus heureux Megg et Mogg. Inséparable, le trio tentera bien une escapade à Amsterdam. En vain.
Simon Hanselmann multiplie les personnages carnavalesques (Booger, Werewolf Jones), les propulse dans l’exubérance d’orgies indolentes derrière lesquelles pointe une lucide mélancolie. Celle d’individus conscients de n’appartenir à rien ni personne, errant dans la vie comme des apatrides dans un monde qui ne veut pas d’eux. On devrait pleurer du début à la fin, mais c’est bien l’hilarité qui triomphe malgré l’autodestruction permanente de personnages enclins à se consumer dans l’oubli d’eux-mêmes et de leur vie minable. Car il faut bien affronter la solitude et tenter de rendre supportable, malgré tout, cette existence aliénante.
Megg, Mogg et Owl est ainsi effrayant de lucidité. Mais surtout brillant d’inventivité. Lecture terminée, l’odeur des fêtes finies cède peu à peu face à la beauté de cette esthétique pop à l’aquarelle, nourrie de désarroi. C’est Megg en plein bad trip qui pleure sous la pluie (« Cette chambre était maudite ») ou Werewolf Jones, défoncé au volant de sa voiture-bélier, qui chantonne « The night is still young ». Megg, Mogg and Owl est un chef-d’œuvre et son auteur, Simon Hanselmann, un artiste de premier plan.
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