Megg, Mogg & Owl #5
C’est la loose ! Owl, après tant d’humiliations, a quitté le doux cocon. Megg et Mogg, sans thunes, doivent payer le loyer. Une seule solution : trouver un job. Seulement voilà, perfusés aux allocs, ils n’ont jamais travaillé de leur vie. Mogg est terrifié à l’idée de devoir se lever tous les matins. Il y aurait bien une autre solution, vendre ses souvenirs, comme les superbes patins Wayne Gretzky de Megg offerts par sa mère quand elle était plus jeune. Mais ils ne valent rien… Ah si, Werewolf Jones a remplacé Owl dans la coloc’. Mais lui ne pense qu’à tiser, fumer et se droguer quand il ne deale pas pour ses potes. Et tout ça, ça coûte un fric fou… L’impossible équation du malheur.
Déjà une série culte, Megg, Mogg &Owl, cinquième du nom, parle toujours d’inadaptation au monde, de refus des codes et de l’absence d’issue. Un menu ô combien plombant mais absolument jouissif quand Simon Hanselmann s’y colle. Car l’artiste a plus d’un tour dans son sac d’obsessions et sait faire évoluer tous ces personnages, carnavalesques, azimutés et même sensés parfois, oui. Owl, absent de ce tome (ou presque), nous manque terriblement et ce n’est pas le déglingué Werewolf Jones, shooté « hache vingt-quatre », qui va le faire oublier. Ni même ses cassos de fils Jaxon et Diesel, ou sa fille abandonnée dans une cage à oiseaux… Un quotidien neurasthénique bercé par la dépression, comme toujours, mais empreint d’une grande émotion : c’est Megg qui pleure lorsqu’elle repense au cadeau de sa junkie de mère ; l’amour triangulaire entre Booger, Megg et Mogg ; les souvenirs de jeunesse avec Owl. Mogg n’a peut-être jamais été aussi expressif, avec son air ahuri ou ses grosses larmes de chat triste. Les relations prennent un nouveau tour, des personnages résonnent de leur absence et les expériences enfoncent toujours plus le clou du malaise (Ah, Werewolf et son plan chem-sex…) dans une ambiance saturée d’ennui. Ou l’impossibilité de tromper le réel, sans en être dupe. On rit, on pleure, complètement accrocs à ces héros maudits. Du grand art !
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