Mères anonymes *
Par Magali Le Huche et Gwendoline Raisson. Dargaud, 17,95 €, le 10 mai 2013.
Pas facile d’être une maman, surtout nouvellement célibataire. C’est ce qui motive Caroline à aller s’exprimer devant les Mères anonymes, groupe de parole de jeunes mamans au bout du rouleau, venues se livrer sans tabou sur les affres de la maternité, véritable marathon athlétique qui peut entraîner autant l’extase que le plus profond désespoir.
Sous la forme d’une fiction intégrant de vrais-faux témoignages de jeunes mères, Gwendoline Raisson pointe avec beaucoup de justesse les galères et déceptions que peuvent vivent les jeunes femmes devenues mamans. Et notamment le sentiment d’extrême solitude face à cet Everest que peut représenter le quotidien et l’éducation d’un enfant, surtout quand le papa n’en rame pas une, ou est tout simplement parti. On y lit des mots si vrais, mais rarement dits car ils risquent de faire passer celle qui les prononce pour une « mauvaise mère », le qualificatif ultime de la culpabilisation par la société bien-pensante. Au dessin, Magali Le Huche compose des personnages attachants, et réussit à conserver une forme de légèreté – dans une mise en page aérée qui évoque un format blog – pour un album parfois tendre, mais souvent dur. Hélas, cette succession de petits ou gros tracas quotidiens ennuie assez rapidement, car les protagonistes manquent d’épaisseur pour dépasser le stade de l’archétype bien pratique pour évoquer un tel sujet; l’absence d’une véritable intrigue, ou du moins d’un fil rouge suffisamment solide, joue aussi beaucoup dans cette lassitude. Dommage, car le point de vue et le contenu était originaux, et le dessin charmant. Mais on ne réussit pas une bande dessinée en empilant quelques bonnes idées.
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