Mes quatre saisons
Dans ce journal intime dessiné, Nicoby nous invite à partager ses rencontres avec les grands noms de la BD franco-belge, mais aussi ses doutes sur le métier, et à suivre l’évolution de ses projets et celle de la maladie de sa mère.
L’exercice flirtant de plus en plus avec le poncif, et à la lecture de la quatrième de couverture alignant les noms d’auteurs célèbres (pour peu que vous vous intéressiez un minimum à la BD, en tout cas), on entre dans Mes quatre saisons avec angoisse. Et malgré une première séquence qui sert d’intro et rassure grâce à son second degré et une autocritique méta bienvenue, la grande majorité de l’album confirme les craintes initiales.
Le découpage en quatre parties (les saisons, donc) ne présente pas un grand intérêt. La succession des séquences semble chronologique mais on ne comprend jamais bien quand les choses se passent, ni comment elles s’enchainent. La plupart des saynètes se résument à la rencontre de Nicoby avec un auteur dont il est fan, un prétexte pour faire du name dropping d’autres auteurs majeurs de la BD. Mais là où d’autres (Sattouf par exemple) vulgarisent leurs références pour inclure tous les lecteurs, Nicoby suppose que les siens ont exactement la même culture BD que lui, au risque de perdre tous ceux pour qui ce ne serait pas le cas. Les références à des oeuvres (les siennes notamment) et aux auteurs ne s’arrêtent jamais, aussi avoir un exemplaire du dictionnaire de la BD sous la main devient vite nécessaire pour suivre. Même les blagues-hommage ne parleront qu’aux initiés (l’éclair de Métal Hurlant ou la coccinelle de Gotlib).
Si les fans de Nicoby (Sang de Sein, Mon petit Ponant, Manuel de la jungle…) pourront peut-être y trouver leur compte, certains passages, faute d’humour efficace, se résument à de l’autopromo (la première séquence de l’été est un catalogue des oeuvres de l’auteur et suit directement une série de nus académiques insérée au chausse pied).
Seule la fin de l’album sort la tête de l’eau. Après une séquence sur les différences entre Citroën DS et ID qui ravira les fans du constructeur et ennuiera tous les autres – malgré de jolis dessins de voitures –, Nicoby s’écarte du cadre du journal intime pour faire de la fiction en hommage à Tif et Tondu, et termine en beauté sur le seul chapitre un peu universel et vraiment touchant, qui évoque sa mère malade d’Alzheimer.
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