Par Grun et Éric Corbeyran. Glénat, 13 €, le 10 mars 2010.

Une grande ville dans le futur. Le gouvernement veut contrôler tous les aspects de la vie des individus et joue d’un habile système de plébiscite pour justifier, « démocratiquement », ses décisions les plus radicales : par le vote électronique, après une courte campagne démagogique qui n’offre pas la parole à l’opposition, il fait valider par les citoyens les pires horreurs, comme l’interdiction du suicide. Dans ce monde terne et oppressant, où l’art est bien évidemment censuré, la belle Lynn s’inquiète pour son mari, spatio-éboueur revenu sur Terre avec un mystérieux virus. Et parallèlement, un journaliste libertaire est soupçonné de fomenter une révolution avec un conte pour enfants…

Voilà de la belle science-fiction classique, léchée et intelligente. De l’anticipation qui extrapole le monde d’aujourd’hui : pour lutter contre la pauvreté et l’insécurité, les autorités manipulent l’opinion afin qu’elle lui donne un blanc-seing pour ses actions répressives. Éric Corbeyran ajoute à ce monde terriblement crédible une intrigue de bestiole extraterrestre et la possibilité de l’existence d’une résistance souterraine, incarnée par un livre allégorique. Deux excellentes idées, qui dynamisent son récit et créent un bon suspense. Côté dessin, Grun (La Conjuration d’Opale) lorgne humblement du côté de Bilal, mais développe un style plus traditionnel, doté d’élégantes couleurs et de superbes décors. Un bémol tout de même : les postures des personnages trop empruntées et les visages vraiment plats déçoivent. Mais ce premier tome, s’il ne révolutionne pas le genre, remplit largement sa mission : nous faire languir dans l’attente de la suite.

Achetez Metronom’ T1 sur Amazon.fr
La fiche de l’album sur nouvellesbd.com.