Mille parages #1
L’auteur tourangeau Simon Hureau (Crève saucisse, L’Empire des Haut murs, Intrus à l’étrange, Filandreux…) a le goût du voyage. Et pour immortaliser la cocasserie de ses aventures ou souvenirs aux quatre coins du monde, il a donc décidé de les consigner dans un carnet de voyages compilant des histoires en une ou plusieurs planches. À Florence en galère de logement, au bout d’une ligne de RER en plein cœur de la nuit, dans la brousse près de Bobo-Dioulasso (Burkina Faso) en quête d’une autorisation administrative de prise de vue, ou en Touraine en compagnie d’une auto-stoppeuse, Simon Hureau extirpe l’insolite sur un ton badin, en variant les ambiances : l’émerveillement esthétique dans l’atelier Simon-Marq à Reims, l’angoisse kafkaïenne en Afrique ou le thriller made in Loire, l’auteur transforme ses galères pratiques ou son étonnement quotidien en invitation au voyage, avec un humour réjouissant.
Sauf que dans la durée, ces moments de vie qui se répètent manquent de tranchant ou de saveur. La drôlerie est agréable, la convivialité est là, mais le propos ne va guère au-delà, faute d’un sujet qui se prêterait à autre chose qu’un témoignage sympathique. Quelques moments de tension certes, des sourires parfois, mais peu de surprises finalement. Visuellement, l’auteur confirme son talent à saisir les paysages à l’encre de Chine dans des pages aérées ou chargées, s’affranchissant le plus souvent de la sacro-sainte case. C’est plaisant, mais là encore la monotonie l’emporte faute de vrais choix de mise en scène. Mille parages n’est pas une mauvaise BD, loin de là, mais elle peine à vraiment enthousiasmer. À lire en plusieurs fois et à réserver aux inconditionnels de l’auteur.
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