Mimikaki – L’étrange volupté auriculaire
Qu’est-ce qui relie ce lycéen, ce céramiste à la chevelure démesurée, cette femme enceinte et ce vieillard ? Le fait qu’ils soient tous passés entre les mains expertes de Shizue, jeune artisane, mais surtout esthéticienne offrant un service peu commun. De fait, les neuf histoires ont toutes trait au nettoyage d’oreille par une professionnelle. Pratique typiquement japonaise que l’on peut s’offrir allongé tête sur les genoux d’une femme maîtrisant l’art du maniement des mimikakis (cure-oreilles japonais).
Mimikaki – L’étrange volupté auriculaire est un livre important dans la carrière de Yarô Abe. Déjà, c’est avec le tout premier récit de ce recueil que l’auteur de La Cantine de minuit a débuté sa carrière, à 41 ans. Il l’est aussi, car il dévoile d’emblée tout ce qui a fait la patte graphique et scénaristique du mangaka. Son dessin simple, rondelet et faussement maladroit qui donne de vraies gueules à la galerie de personnages hauts en couleur et attendrissants qui alimentent ses tranches de vie. Et enfin ce ton sensible tellement humain et ce rythme flâneur si particulier.
Les chapitres présentent des individus de tous âges, sexes et situations. Chacun venant avec ses propres problématiques dans le salon de Shizue en ressort conquis et différent. Grâce à sa dextérité et son expérience, elle leur procure des sensations uniques, charnelles et sensuelles qui mène bien souvent à la jouissance. Cette délivrance auriculaire est délicatement traduite par une ligne raffinée et des métaphores sensorielles suprasensibles.
YAMAMOTO MIMIKAKI TEN ©2010 Yaro ABE
Publiez un commentaire