Mammoth est un colosse triste, montagne de muscles au visage monstrueux, croisement de la créature de Frankenstein et de la Chose des 4 Fantastiques. Mais il est aussi un détective hyper talentueux, prodigieux même, capable de résoudre l’énigme la plus tordue en moins de temps qu’il n’en faut pour balancer un uppercut. Mammoth est aussi un mystère à lui tout seul, obsédé par les images d’un passé traumatique inquiétant…

Un duo formé par un des auteurs les plus fins et audacieux du comics indé, Matt Kindt (Mind MGMT, Du sang sur les mains, Super Spy…), et un Français virtuose des pinceaux, Jean-Denis Pendanx (Le Maître des crocodiles, A fake story…), voilà qui était alléchant. Le résultat ne déçoit pas, même si on attendra la suite et fin de ce diptyque, fin juin, pour se faire un avis tranché. Pour l’heure, ce premier tome joue la partition du roman noir, avec privé dépressif au passé compliqué, affaire de photos compromettantes cachant bien autre chose, personnage de femme fuyant… Matt Kindt s’amuse des codes : il les respecte mais y injecte un peu de bizarrerie et, c’est une constante chez lui, ouvre la porte vers une mise en abyme du récit ou un discours méta sur l’art et la création. Le dessinateur français ajoute pour sa part une certaine rondeur et une vraie chaleur sur une trame pourtant distante et cérébrale, offrant ainsi un contraste étonnant.

Mélangez dans un shaker un dose de Hulk avec un trait de Faucon Maltais, servez glacé, et vous avez le savoureux cocktail polar du printemps.