Mon frère le chasseur
Sarah Herlant raconte ici son ressenti d’enfant face à la grave dépression de son grand frère. Petit moments du quotidien, réactions de la famille, la jeune auteure – qui prolonge son travail de fin d’étude à l’école d’art de Sint-Lukas de Bruxelles – livre son expérience avec une très juste pudeur. C’est ce qui fait le charme et l’utilité de ce témoignage, sur un sujet touchant un grand nombre de foyers.
L’œuvre se déploie un peu dans les scènes évoquant les pensées et les émotions ressenties par la jeune fille. D’abord, cette étrange allégorie de la chasse en milieu sauvage qui, dans l’esprit de l’enfant, serait un lieu de vie pour son frère (en opposition avec la vie grise et urbaine de Belgique). Ensuite, la représentation des angoisses de mort que répriment la jeune fille pour ne pas accabler ses parents. Le noir du crayon se densifie pour évoquer le malaise, tandis qu’un brun mordoré, qui ombre les personnages, met en relief un élément graphique ou crée une profondeur de champ.
On regrettera toutefois l’aspect un peu scolaire de la narration. Ce premier album ne possède pas l’originalité graphique qu’ont su trouver David B. dans L’Ascension du haut mal ou Debbie Drechsler dans The Summer of Love. Dès lors, on ne peut que souhaiter à cette jeune artiste d’explorer plus avant les champs de son imaginaire et de créer une stylistique dessinée plus personnelle et originale.
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