Mon premier rêve en japonais
Camille, pleine de vie, saute partout, se chamaille avec son grand frère, plonge joyeusement dans la piscine avec son amie Emma… La petite fille goûte particulièrement les contes traditionnels que sa maman, japonaise, lui raconte le soir. Elle vibre et tremble en écoutant le destin d’Urashima Taro, ensorcelé par une princesse des mers, ou celui de ce bûcheron transformé en arbre.
En cette gamine tonique sourd une angoisse : celle que sa mère, fâchée avec sa propre famille et malheureuse de son éloignement, la quitte et s’en retourne dans son pays. La fillette est à la fois attirée par la culture japonaise et inquiète de ce qu’elle y découvre. Elle étudie les kanjis [les caractères de l’écriture japonaise, ndlr] tout en rejetant cet apprentissage. Est fascinée par les démons tout en les craignant…
Le premier album de Camille Royer touche par son sujet et son traitement. La jeune femme (22 ans), à peine sortie d’école, a effectué un stage à Tokyo deux mois durant, se formant à l’épure. Elle use d’un crayon pour livrer son enfance bondissante et heurtée, et s’empare tout à coup de pages pleines pour étaler un conte onirique et glaçant, ou une scène de dispute de ses parents — soudainement transformés en monstres. Sa sensibilité, nimbée de l’humour et de l’énergie qui habite son héroïne, transparaît pleinement dans ce mélange.
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