Raymond est le voisin de Troub’s, mais c’est aussi son ami. Dans cette campagne du Périgord, les âmes se font rares : Troub’s, Raymond, Odette, le facteur, et les animaux, grives, chats, abeilles… Raymond a atteint l’âge honorable de 80 ans, il vit seul, au rythme lent du temps qui s’écoule, en bonne entente avec la nature, les animaux et en bon voisin de Troub’s et d’Odette. La terre est omniprésente, les animaux aussi. Raymond veille sur eux.

C’est en suivant les mois les uns après les autres, au fil d’une année, que Troub’s se met en scène, sur sa terre, ou plus exactement dans ce hameau, de l’autre côté du bois, habité par Raymond. Il livre un portrait touchant et pudique du vieil homme, un homme ordinaire. Il ne cède en rien aux facilités : pas de vision irénique de la campagne, pas de discours sur le « c’était mieux en avant ». Pourtant en creux, c’est tout un monde qui apparaît sous nos yeux. Une autre France. Pour mieux la saisir, Troub’s fait parler les animaux, un peu, à la manière d’une fable, les champignons aussi nous glissent quelques phrases… Avec cette façon inimitable de représenter le végétal, avec minutie et pointillisme, comme dans La Longue Marche des éléphants, co-écrit avec son compère Nicolas Dumontheil, Troub’s déploie sa poésie à coup de peinture diluée, rehaussée d’un crayonné donnant texture et vie à ses scènes. Au fil des pages, on atteint avec délectation, un rythme lent et doux, nous ouvrant les portes d’une philosophie, d’une sagesse : vivre lentement, vivre en lien avec son environnement, juste ce qu’il faut.

C’est bien plus qu’un simple portrait de la ruralité. C’est une histoire qui émeut par la simplicité et la sincérité. Et qui reste comme gravé dans un coin de l’esprit, comme pour nous faire du bien, tout au fond de nous.