Mondo Reverso #1
Un western qui inverse les rôles masculins et féminins ! C’est cette idée un peu folle mais terriblement réjouissante qu’appliquent Arnaud Le Gouëfflec et Dominique Bertail dans ce Mondo Reverso : les mâles, toujours barbus, portent des robes, font le ménage et animent les saloons. Les filles, elles, portent des armes et des pantalons, et font régner leur loi. Tout est donc comme dans un western classique, duels, indiens, trésor dans le désert, attaque de train ou de diligence, tord-boyaux au comptoir… Sauf que les questions de genre sont au coeur des mésaventures de nos héros – une outlaw tête brûlée, et un homme rêvant d’autres choses que de broderies.
L’idée est brillante, et surtout elle est poussée jusqu’au bout. L’inspiré Arnaud Le Gouëfflec (La Carte du ciel, Soucoupes, J’aurai ta peau Dominique A, Topless…) propose ainsi une comédie complètement dans l’air du temps, dans un décor traditionnellement le macho qui soit. L’inversion des rôles est à la fois édifiante et tordante, mettant au jour comme jamais la misogynie inhérente au western et offrant de situations immanquablement cocasses. Surtout, il en profite pour mettre des questions sexuelles au coeur de son intrigue (en gros, des problématiques de changement de sexe et de travestissement), tirant le fil logique de sa pensée. Pour mettre en scène cet univers absurde sans tomber dans le ridicule, il fallait un artiste top niveau : Dominique Bertail (Infinity 8, Ghost Money…) est au sommet de sa forme, son pinceau réaliste distord les tronches vers de croustillantes caricatures, sans oublier de rester sexy. Son lavis sépia développe de belles ambiances lumineuses, et donne aux grandes cases des allures d’illustrations classieuses évoquant les rares photos de l’époque. L’album est un régal et, bonne nouvelle, on devrait retrouver ses principaux personnages dans une nouvelle histoire.
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