Montana 1948
Dans l’Amérique profonde de l’après-guerre, la quiétude d’une petite ville et surtout d’une famille est subitement interrompue par la révélation du comportement déviant d’un des leurs. Médecin, héros de la guerre et fils prodigue, Franck Hayden aurait la fâcheuse manie d’abuser des jeunes indiennes. Que doit faire son frère Wes, Shérif de la bourgade ? Fermer les yeux sur les exactions du frère modèle – et ainsi préserver l’honneur de la famille – ou appliquer la justice en laquelle il croit tant ?
Montana 1948 est l’adaptation du roman du même titre de l’auteur américain Larry Watson, sorti en en 1996 en France (chez Gallmeister). Dans ce thriller familial et initiatique, Nicolas Pitz (Luluabourg, Les Jardins du Congo) nous plonge au cœur de Bentrock, 2000 habitants. Et plus importante ville du comté de Mercer. Au milieu de grandes étendues agricoles, fermiers et Indiens de la réserve de Fort Warren y cohabitent paisiblement. Bentrock semble avoir été oubliée par la civilisation galopante. Il ne s’y passe pour ainsi dire jamais rien, le shérif circulant même sans arme. D’ailleurs, le rythme de ce livre est à l’image du cadre, délibérément lent. Mais qu’on ne s’y trompe pas : la région quasi désertique, la petite ville sans histoire, les personnages et leur statut de notables composent un terreau propice à un drame familial. C’est David, le fils du shérif, qui le raconte. Avec la candeur de ses 12 ans, il capte facilement l’attention du lecteur.
À la profondeur et la force du scénario, Nicolas Pitz oppose des couleurs surannées, dans les tons saumon et bleu, et des personnages presque figés aux grands yeux interloqués, parfois déroutants. Cette sensation est renforcée par les nombreux gros plans. L’auteur semble vouloir servir au mieux l’histoire en se mettant en retrait, graphiquement. Dommage, car si le résultat global est intéressant, l’album manque de personnalité esthétique.
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