Moonlight, engageante collection de mangas chez Delcourt/Tonkam
Voulant diversifier davantage son catalogue mangas, Delcourt/Tonkam a lancé en février une nouvelle collection baptisée Moonlight, afin de séduire les jeunes adultes attirés par des récits davantage centrés sur l’intime que sur la pure romance ou la pure action. Par des mangas, bien sûr, mais aussi des light novels (romans pour grands ados et jeunes adultes).
« Se détachant de l’éternelle classification Shojo/Seinen/Shonen, la collection Moonlight ne s’organise pas en genres mais en émotions », clame l’annonce officielle de lancement de ce label, qui précise s’orienter vers des « titres touchants, mélancoliques et oniriques ». C’est ainsi le cas avec les trois premières séries, signée du même scénariste, Sugaru Miaki, un romancier de tout juste 30 ans. Des séries courtes, à l’accent fantastique, qui s’attachent à suivre des personnages dépressifs, de jeunes adultes en bout de course dans une société où ils n’ont pas trouvé leur place.
Ainsi, Le Prix du reste de ma vie, dessinée avec délicatesse par Shouichi Taguchi, met en scène un jeune adulte sans le sou, qui va vendre à une mystérieuse société les années de vie qui lui restent. Il récupère un maigre pécule pour vivre ses trois derniers mois sur Terre, mais aussi un « chaperon » : une jeune femme invisible aux autres, chargée de le guider dans cette dernière ligne droite avant un décès certain. Ce duo bizarrement assorti va, évidemment, trouver des atomes crochus, et commencera à voir la vie différemment… Le premier tome, sur trois, est très accrocheur, par son originalité, son rythme lent et sa façon de ménager des surprises. On finit par s’attacher à ces deux héros pourtant ternes, a priori, et on s’interroge vraiment sur leur devenir.
Derrière le ciel gris arpente des chemins proches : on suit un personnage fantomatique (invisible, il n’est présent qu’en voix off au début, très bonne idée de mise en scène) dont la mission est de pousser les gens au suicide. Alors qu’il a trouvé sa prochaine « victime », il se rend compte que la jeune fille n’aurait peut-être pas eu besoin de lui pour passer à l’acte : il va alors essayer de la connaître et la comprendre… Ce premier tome (la série est en cours au Japon) convainc moins, pour l’instant, que Le Prix du reste de ma vie. À l’image du trait de Loundraw, ce titre est plus âpre, plus larmoyant aussi... Pas sûr qu’on s’attache vraiment à ce duo de personnages-là.
La troisième sortie est plus étrange et excitante. Parasites amoureux met en scène un homme maladivement angoissé par les questions d’hygiène, à tel point qu’il vit quasiment reclus chez lui, perclus de troubles obsessionnel, qui va être contraint de nouer une relation avec une lycéenne très secrète. Et fascinée par le monde des parasites… Avec le dessin clinique de Yuki Hotate – dans les visages ou les décors aseptisés –, ce début de série déstabilise et hypnotise. Difficile de savoir où le récit va bifurquer, mais le ton et le fond sont suffisamment étranges et originaux, pour qu’on soit happé.
Voilà donc, au global, une collection intrigante et engageante, qui apporte un peu plus de diversité au catalogue Delcourt/Tonkam. À voir si le lectorat se retrouvera dans ces séries un peu à la croisée des chemins…
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Le Prix du reste de ma vie #1
Par Shouichi Taguchi et Sugaru Miaki.
208 p., 7,99 € (série terminée en 3 volumes). Preview ici.
Derrière le ciel gris #1
Par Loundraw et Sugaru Miaki.
176 p., 7,99 € (série en cours au Japon, 2 volumes parus). Preview ici.
Parasites amoureux #1
Par Yuki Hotate et Sugaru Miaki.
192 p., 7,99 € (série terminée en 3 volumes). Preview ici.
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