Franca a perdu sa mère et n’attend que de quitter sa petite ville de Sardaigne pour suivre des études à Rome. Mais, à 18 ans, elle a encore mille choses à vivre et à découvrir. Comme la sensation de vitesse et de liberté qui grise les jeunes gars de son âge quand ils enfourchent leur moto : après une virée comme passagère sur les routes sinueuses de l’île, Franca devient accro aux grosses cylindrées. Elle s’achète le plus puissant 2-roues du concessionnaire, à la provocante couleur rouge, et se lance dans la préparation de la course annuelle.

Pour leur première bande dessinée, Jean Aubertin et Adèle Albrespy développent une efficace histoire d’émancipation. Ils abordent avec grâce les thèmes de l’amitié garçon-fille, du deuil, des choix de vie, du besoin de l’ivresse et d’effleurer ses limites, tout ce qui construit un(e) jeune adulte. Si la moto n’est ici qu’un prétexte, elle offre tout de même quelques belles séquences, auxquelles la ligne claire et le jeu d’aplats de couleurs de Jean Aubertin donne énormément de personnalité. Loin de son travail d’illustration à l’aquarelle, le dessinateur lorgne l’abstraction par un jeu sur les masses de couleur comme des papiers découpés, et s’appuie sur des codes simples pour rendre ses personnages expressifs. Tout est très lisible, à la fois puissant et fragile, comme la têtue Franca. Et si le scénario, co-écrit avec Adèle Albrespy, est plutôt linéaire, il est suffisamment bien découpé – un peu comme un film – et non dénué de fantaisie et d’imaginaire pour qu’on se laisse envoûter. Une belle virée méditerranéenne, pleine de fougue et d’émotions.