Mozart à Paris
Le jeune Mozart se retrouve à Paris, un peu contraint et forcé. En effet, malgré son génie précoce, sa gestion des priorités dans le travail et surtout sa difficulté à comprendre les relations humaines, les désirs et les susceptibilités, l’empêchent de s’épanouir à Salzbourg. Dans la cité lumière française, les choses ne sont guère plus aisées : la concurrence est rude et la pression sociale et financière le brident. Dur dur d’être un génie.
À travers le récit de cet épisode méconnu de la trajectoire météoritique de Wolfgang Amadeus Mozart, Frantz Duchazeau offre tout autre chose qu’une biographie. C’est l’occasion pour lui d’explorer la psyché d’un artiste, l’intimité de la création, le besoin constant de liberté, d’émulation, de nouveauté d’un cerveau hors norme, sans cesse en ébullition. Mozart se perd dans ses rêves et ses fantasmes, cherche à s’émanciper mais peine à quitter sa mère, aime les femmes mais leur préfère trop souvent les claviers. Dans un monde rigide, aux conventions pesantes, il est insatiable, et insatisfait forcément. Avec un trait griffé, tantôt minutieux, tantôt mystérieux, d’une grande maîtrise, et joliment mis en lumière et en couleurs par Walter – qui le rend certainement plus facile d’accès –, l’auteur de Pierre de cristal, La Main heureuse, ou Blackface Banjo propose une vision inspirée et forte du compositeur. Une touche d’humour piquant, un érotisme sous-jacent qui fait un peu penser à celui de Christophe Blain (dans Gus ou Isaac), un ton singulier. Voilà les grands atouts de ce Mozart à Paris, belle vision d’auteur d’un immense artiste.
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