Murena #10
Trimalchion organise ce soir l’une de ces fêtes dont il a le secret. Le vin coule à flots, les corps s’emmêlent et les agapes célèbrent l’union d’un peuplé enfin apaisé. Après le terrible incendie de Rome, l’heure est à la concorde. Lucius Murena revient ainsi en odeur de sainteté auprès de Néron. Mais au petit matin, les retrouvailles de la veille sont vite oubliées. Car Murena est sauvagement agressé avant d’être recueilli par une femme tombée sous le charme…
Point de surprise dans ce nouveau et bon Murena : orgies, intrigues et coups bas donnent le la d’une chasse aux sorcières avec son lot de violence et de manipulations. Murena amnésique, ce sont les sénateurs qui veulent jouer un mauvais tour à l’empereur. Les scènes de débauche alternent avec les complots dans une Rome semble-t-il apaisée, à la croisée de l’épique et de l’intime. On y croise du beau monde, de Pétrone à Encolpe, en passant par le plus obscur Caius. Si Jean Dufaux fait le travail sans éclat mais avec sérieux, on attendait surtout Théo (Le Pape Terrible, Le Trône d’Argile) au dessin après la disparition de Philippe Delaby. Et le dessinateur italien était sans doute le candidat idoine pour reprendre le flambeau. À la limite de la surcharge de détails parfois – comme s’il voulait prouver – le trait réaliste et fluide de l’Italien sait magnifier la Rome antique ou sculpter les corps avec grâce, dans une ambiance flamboyante. Aidé en cela par des découpages intelligents et des perspectives spectaculaires. En restant dans les clous de la série, une minutieuse reconstitution historique mêlée de fiction, cet album augure donc d’un nouveau départ. Convaincant à défaut de surprendre.
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