Musée
À l’image de la collection Futuropolis/Musée du Louvre, la collection Glénat/Musée d’Orsay s’enrichit petit à petit de nouvelles propositions d’auteurs expérimentés. Celle de Chabouté est à première vue simple, laissant notre regard suivre les visiteurs occasionnels ou habitués, les employés, mais également les œuvres. Leurs déambulations dans les allées forment une chorégraphie intrigante, puis prend un virage narratif juste avant que l’on se lasse. Ce tournant donne à voir les visiteurs et les œuvres d’un œil neuf. Dans cette seconde partie, l’auteur tisse alors les fils qu’il avait jusque-là déroulés et explique certaines propositions en leur donnant le sens qui leur manquait.
Dans ce titre, Christophe Chabouté se pose en observateur et croque les attitudes, les postures, les discussions de ses homologues, mais imagine aussi le regard que portent les œuvres sur les êtres humains et sur elles-mêmes. Il montre une nouvelle fois comme il parvient à manier les passages muets, à se jouer du lecteur et de ses attentes, à mettre en place ses personnages comme les pions sur un échiquier. Nous plaçant également en position de spectateur, c’est l’intégralité du musée qui devient œuvre, des tableaux aux sculptures, des locaux aux humains qui les arpentent. Jouant de cadrages et de plans séquences, mettant en scène des œuvres mythiques, d’autres plus confidentielles, allant de silences en conciliabules et de disputes en réflexions, il s’en passe des choses d’une signifiante insignifiance dans ce musée. Comme un petit théâtre humain et imaginaire porté à notre interprétation, Musée offre un beau moment de lecture, intrigant et malin, sublimé par le noir et blanc toujours aussi tranché d’un artiste qui ne finit pas de surprendre.
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