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Mutafukaz le film : mission accomplie

24 mai 2018 |

mutafukaz-film-afficheOn l’attendait depuis un moment, le voilà enfin : Mutafukaz, le long-métrage animé, est sorti en salles cette semaine. L’auteur Run et le studio japonais 4°C ont parfaitement transposé l’univers de la BD, dans un univers très esthétique et une animation soignée.

Comment réussir à compiler six tomes longs et denses, une intrigue à tiroirs et un univers multi-référencé, en un seul film d’une heure trente ? Le pari était énorme, mais Run sait relever les défis les plus fous. Car souvenez-vous, quand il lance Mutafukaz en 2006, celui qui ne se fait déjà plus appeler Guillaume Renard s’est pris pas mal de refus dans la tronche, mais il a fini par sortir son histoire, chez Ankama (jusqu’ici plutôt branché jeu vidéo). Et il y croit tellement fort à ce projet, qu’il avait même créé un court-métrage quelques années plus tôt avec ses personnages Angelino et Vinz. C’était donc écrit : Mutafukaz aurait plusieurs vies, et l’une de celles-là serait sur grand écran.

En même temps qu’il bouclait la saga BD, Run s’est donc investi corps et âme dans la production de ce long-métrage tant attendu – tout en couvant les collectifs Doggybags et des spin-off à Mutafukaz (relire son interview à propos de tout ça). Il s’est rapproché du Studio 4°C, un studio japonais célèbre pour avoir produit Amer béton notamment. Avec Guillaume Singelin, notamment, il a bâti le story-board, a écrit le scénario, s’est chargé de la direction artistique, a co-réalisé le film avec Shōjirō Nishimi.

Ok, mais que vaut-il, ce dessin animé si choyé par son géniteur ? Pour résumer, il ne décevra pas les fans de la série. Mais saura-t-il séduire les néophytes, d’autant qu’il part avec le handicap d’une distribution timide ? Pas certain. Mais ce serait dommage. Car des dessins animés esthétiquement aussi originaux et qui assument de ne pas s’adresser aux jeunes enfants, il n’y en a pas tant que ça.

mutafukaz-film-image1En effet, la grosse claque de ce film, c’est son parti pris graphique. Avec un dessin proche du trait expressif de la BD, une animation 2D ultra soignée, de décors plein de détails et une atmosphère solaire, Mutafukaz le film est dans la droite ligne de la bande dessinée. La musique omniprésente de Toxic Avenger colle aussi à l’esprit, bizarre et rigolard, et les voix d’Oreslan (Angelino) et surtout de Gringe (Vinz) fonctionnent à merveille.

Toutefois, on reste un peu surpris par un début privilégiant l’ambiance à l’action, installant un rythme plus lancinant que trépidant. Une introduction plus péchue aurait sans doute plus aisément attrapé le spectateur. Mais Run veut prendre le temps de poser les multiples fondations de son univers – les truands latinos, les extraterrestres incognito, les luchadores super-héros – et donner un maximum de clés de compréhension. Sauf qu’à force de traîner dans les rues de Dark Meat City aux côtés du héros à tête noire et de son pote au crâne enflammé, on perd en intensité narrative et on s’intéresse peu aux personnages secondaires.

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mutafukaz_integraleMais passé le premier tiers, le choix de Run et Nishimi fonctionne. On est dedans, et le plaisir ne fait qu’augmenter. Bien sûr, les séquences d’action aurait peut-être mérité d’être un poil plus tendues, plus nerveuses, mais Angelino et Vinz sont de plus en plus attachants et l’univers foutraque dans lequel ils évoluent, malgré toutes ses références pop et série B, est tellement solide qu’on y naviguerait des heures. Parce qu’il est drôle et violent aussi – les morts par lame ou balles ne se comptent plus – on est prêt à se laisser surprendre. Comme Mutafukaz était une bande dessinée qui ne ressemblait à rien de ce qui sortait, son adaptation ciné est un dessin animé atypique, au scénario étrange et au design ultra léché, du plaisir pour les yeux et un bon stimulant pour le cerveau. Mutafukaz ne pouvait pas être un production lambda. Mission accomplie.

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Mutafukaz, le film.
Par Guillaume « Run » Renard et Shōjirō Nishimi. En salles depuis le 23 mai. 1h33. Interdit aux moins de 12 ans.

Ankama publie pour l’occasion une imposante intégrale de la série (34,90 €) et un joli artbook du film (29,90 €) où l’on peut apprécier des dizaines de dessins de la phase de préproduction (qui a duré pas moins de 2 ans !), et aussi comprendre les étapes du papier à l’écran.

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