Nains #1
Franchement, c’est avec un soupire de lassitude qu’on a ouvert cet album. Car les séries dites « concept », qui alignent les aventures avec un personnage central différent par tome, dans un univers déterminé, on commence à connaître… Et là, qu’est-ce ? Une série concept dérivée d’une autre série concept ! Après Elfes, voici Nains ! Ça pourrait durer longtemps comme ça… Mais que voulez-vous, Elfes ayant plutôt bien fonctionné en librairies, l’éditeur ne voit pas pourquoi il n’exploiterait pas le filon jusqu’au bout… Et pourtant, dès les premières pages de ce premier volume, il se passe quelque chose, et les réticences s’éteignent.
On découvre Redwin, nain impulsif d’un petit village grisâtre, fils d’un forgeron génial mais qui refuse de fabriquer la moindre arme. Pourquoi, dans ce monde en guerre perpétuelle, ne pas mettre son talent au profit de l’armée ? Pourquoi tant de lâcheté ? Redwin aspire autre chose, à la reconnaissance, à la gloire. C’est pourquoi il quitte le village pour devenir un forgeron-combattant sanguinaire, le plus terrible d’entre tous…
L’intrigue est finalement ultra-classique, les ressorts dramatiques et les personnages aussi, mais tout fonctionne parfaitement. Le scénariste Nicolas Jarry use d’une belle langue au fil de dialogues et récitatifs abondants, qui finissent par hypnotiser le lecteur et l’embarquer dans ce sombre, très sombre récit. Au dessin, Pierre-Denis Goux (Les Maîtres inquisiteurs) ne tire pas au flanc non plus, car même s’il n’offre pas de véritables trouvailles ou originalités graphiques, il déploie une énergie impressionnante pour faire croire à ce monde. On se disait qu’on ne nous reprendrait pas au jeu des séries concepts, surtout si le sujet essore les grands thèmes rebattus de la fantasy… Force est de constater que quand le boulot est bien fait, le plaisir est là. Y a des jours, on est bien contents de se tromper.
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