« Naissances de la bande dessinée », l’indispensable du curieux amateur de BD
C’est un beau livre au papier beige épais, qui ambitionne de raconter les Naissances de la Bande Dessinée. L’auteur, le scénariste Thierry Smolderen, emploie un terme pluriel pour souligner les diverses origines du neuvième art, et y plonge ses lecteurs. L’ouvrage est l’aboutissement de vingt ans de recherches, pas moins, et offre une iconographie très riche. « Dans le paysage subitement diversifié de la bande dessinée actuelle, où les « niches écologiques » se multiplient au contact d’autres domaines (la littérature, les arts plastiques, Internet…), nous sommes plus que jamais en état d’apprécier pour leur propre mérite des expériences graphiques précédemment « inclassables », note Thierry Smolderen. Le modèle de Tintin a cessé d’imposer son point de fuite unique au regard porté sur l’histoire du médium.« Ouvrant donc le chemin jusqu’aux séries narratives ou « romans en estampes » (selon Rodolphe Töpffer) du Britannique William Hogarth au XVIIIe siècle – qui illustrera notamment A Rake’s Progress (La Carrière d’un Libertin), inspirant plus tard le compositeur Igor Stravinsky. « Dès leur création, elles ont tissé des liens très étroits avec le genre naissant du roman moderne, le peintre-graveur londonien introduisant, dans la sphère de l’image, le jeu d’hybridation humoristique dont Mikhail Bakhtine a montré à quel point il caractérisait, sur le plan de la langue, les chefs d’oeuvre du novel anglais de la deuxième moitié du XVIIIe siècle. »
Doté d’images admirable, le livre montre par exemple une illustration de R.F. Outcault (voir ci-dessous), une planche de Little Nemo de Winsor McCay ou un dessin de George Cruikshank. L’aventure se poursuit par une exploration du travail de Rodolphe Töpffer, imbibé à la fois par le romantisme allemand et « les tendances modernes de la caricature anglaise ». Avant d’aborder le genre du « roman en estampes », son installation dans la presse (avec la publication des aventures de M. Cryptogame – par Cham d’après les dessins de Töpffer – dans L’Illustration en 1845) ou encore la « révolution photographique » à la fin du XIXe siècle, qui change « le regard posé sur le monde en action ». Ces Naissances de la Bande Dessinée s’achèvent par l’arrivée des phylactères sur le papier, et les travaux de Winsor McCay, « le dernier baroque ». Claires et didactiques, elles donnent à leur lecteur un véritable cours d’histoire, à la fois ludique et chic.
———————————————————————————–
Naissances de la Bande Dessinée
Par Thierry Smolderen.
Les Impressions Nouvelles, 29,50€, le 20 novembre 2009.
Achetez Naissances de la Bande Dessinée sur Amazon.fr
Exposition Naissances de la Bande Dessinée, de William Hogarth à Winsor McCay
Jusqu’au 25 avril 2010 à la Maison Autrique, Chaussée de Haecht 266, 1030 Bruxelles, du mercredi au dimanche de 12h à 18h.
Votez pour cet article
————————————————————————————-
-
J’ai pu feuilletter ce beau livre en librairie et j’ai été étonné par la somme d’informations inédites qu’il livre. Non, la BD n’a pas commencé avec Bécassine et l’excellent Rabier, aux Etats-Unis notamment, les origines sont diverses et variées, presque inconnues en France. Merci à Monsieur Smolderen (excellent et rare scénariste au demeurant) de ses efforts qui lui rapporteront sans doute moins de droits d’auteur que la énième visite de la vie Hergé, ou l’actualisé panorama de la BD de Q!°)
-
J’ai pu feuilletter ce beau livre en librairie et j’ai été étonné par la somme d’informations inédites qu’il livre. Non, la BD n’a pas commencé avec Bécassine et l’excellent Rabier, aux Etats-Unis notamment, les origines sont diverses et variées, presque inconnues en France. Merci à Monsieur Smolderen (excellent et rare scénariste au demeurant) de ses efforts qui lui rapporteront sans doute moins de droits d’auteur que la énième visite de la vie Hergé, ou l’actualisé panorama de la BD de Q!°)
Commentaires