Par Bengal et Jean David Morvan. Dargaud, 13,50 €, le 5 mars 2010.

Par son rythme, son ton, sa mise en scène et ses choix esthétiques, Naja est une des séries d’action les plus brillantes de ces dernières années. Au fil des albums, on suit l’imperturbable tueuse éponyme, aux prises avec les autres assassins de son organisation, avec leur commanditaire commun et un mystérieux personnage… L’heure des révélations a sonné dans ce quatrième tome, mais ce n’est pas forcément ce qui va simplifier la vie de la belle Naja…

Avec sa plume acérée, Jean David Morvan démontre dans cette série tout le pouvoir de manipulation que possède un scénariste. Il utilise une voix off omnisciente et omniprésente, décrivant les états d’âme de ses personnages, décryptant leurs mouvements et tournant en bourrique le lecteur – sans s’en cacher. Et le pire, c’est qu’on adore ça ! Grâce à cet artifice parfaitement maîtrisé, son intrigue avance sans s’arrêter, ne s’appesantit pas sur le glauque et privilégie l’action. Les grandes cases sobres et taillées au millimètre par l’impressionnant Bengal répondent aux impératifs de ce récit dur et sexy. Et, dans cet avant-dernier tome, le lecteur est un peu récompensé d’avoir été baladé dans les trois précédents, puisque le voile se lève sur certains mystères – et qu’un personnage d’une autre série publiée par Dargaud fait une apparition (on ne vous dit pas lequel, surprise) ! Il ne reste plus qu’un volume pour tout démêler, et on n’a rarement été aussi impatient de connaître le dénouement d’une série. Bravo.

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