Naoto, le gardien de Fukushima
Il y a dix ans, le 11 mars 2011, un tsunami submergeait la centrale nucléaire du Fukushima, au Japon, provoquant la fusion du coeur de trois réacteurs. Pourtant, le journée avait bien commencé pour Naoto, un paysan vivant sur les hauteurs, ses parents et son neveu, venu de la ville pour profiter de la nature. Après le soulagement provoqué par la fin des secousses et le retrait des eaux, c’est l’inquiétude qui prend le dessus : plus rien ne semble sous contrôle, la peur gagne les habitants qui sont évacués manu militari. Le fermier Naoto ne peut se résoudre à abandonner la ferme où sa famille vit depuis cinq générations, ainsi que ses bêtes auxquelles il tient. Il retourne donc chez lui et entre en résistance contre le nucléaire et ses méfaits.
Loin de s’ajouter aux nombreuses enquêtes sur le sujet, l’album est, contre toute attente, une véritable bouffée d’air frais. Fabien Grolleau – Le Masque du fantôme, Sur les ailes du monde, HMS Beagle – ne tombe jamais dans une narration didactique et tient son sujet, jusqu’au bout, en collant au personnage central, Naoto. C’est un vibrant hommage à cet homme, pétri de sa culture et de ses légendes millénaires, qui témoignent que la nature finit toujours par reprendre ses droits, au-delà de l’action des hommes, au-delà aussi, et surtout, des catastrophes. Ewen Blain, pour son premier album BD, réussit à créer un univers coloré, à l’aquarelle chatoyante, aux visages expressifs, le tout baigné par une réelle douceur. Le point d’équilibre était fragile et il a su le trouver en donnant de l’humanité à ces hommes tout, en choisissant une belle dynamique narrative et en évitant les planches de contemplations béates et ennuyeuses.
Un album complet et original, ne cédant pas à l’approximation des faits tout en créant un récit touchant, vivant et enlevé.
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