Elle est fan de littérature enfantine quand les livres en question s’appellent Petit Ours Brun fait caca dans la huche à pain ou Oui-Oui mange ses crottes de nez. Nathalie Jomard, « la trentaine bien tassée », vit à Grumeauland, un pays où elle cohabite avec le Chat-bouboule, et surtout avec le Grumeau. À savoir sa fillette de deux ans et demi, dont elle met avec humour la vie en images sur son blog, Petit précis de Grumeautique. Entretien avec une illustratrice aimable et discrète, qui préfère ne pas voir sa trombine (la vraie, pas celle qu’elle se dessine) diffusée sur la toile.

Pourquoi avoir surnommé votre progéniture « le Grumeau » ?
Aucune idée… À une époque, je l’appelais « le haricot ». Un jour, le Grumeau m’a pété à la figure, comme un éclair.

Comment vous êtes-vous retrouvée à représenter des anecdotes concernant votre fille ?
J’ai toujours dessiné. Plutôt que tenir un journal intime, je préférais raconter ma vie avec des crayons. Même étudiante, je continuais à le faire. Je me suis inscrite aux Beaux-Arts, ai enchaîné avec un DESS en communication et création multimédia, puis Sciences-Po. Je voulais être chef de projet ou chargée de production, mais je suis revenue à mes premières amours, l’illustration. Au printemps 2008, j’ai créé un blog pour partager mon expérience de maman avec mes amis et ma famille. Je l’avais ouvert au public, et je me suis rendu compte que des gens que je ne connaissais pas le fréquentaient. Je me suis alors prise au jeu: j’ai aimé avoir des retours sur mon travail et lire des commentaires sympas. Désormais, le site est autonome; il ne m’appartient plus, je ne sais pas qui le fréquente – ils sont 6000 à le visiter chaque jour. C’est comme pour un enfant: on le crée, on l’élève, puis il vit sa vie, même s’il faut continuer à le nourrir.

Que vous apporte ce Petit précis de Grumeautique ?
Un bébé peut être pénible et difficile à gérer, et mettre tout ça en images aide à prendre du recul. Ce blog est de plus ma cour de récréation: je peux y dire ce que je veux sans les contraintes habituelles du métier d’illustratrice, qui obligent à suivre un brief publicitaire.

Quelle est la part autobiographique de vos notes ?
Je ne dévoile pas vraiment ma vie privée et ne rentre jamais dans les détails. La parentalité est universelle, je me contente d’extrapoler, de broder sur le quotidien de ma fille et le mien.

Comment travaillez-vous ?
Je suis avant tout illustratrice, et absolument pas auteure de BD. D’ailleurs, j’en lis très peu. Quand j’ai une idée pour le blog, je fais un crayonné dans un coin en cinq minutes, puis j’y reviens plus tard, je corrige, je scanne. Je ne comptabilise pas le temps passé dessus. Cela reste pour moi un plaisir, un loisir.

Comment votre blog est-il devenu un livre, Le Petit Grumeau illustré ?
Quelques mois après sa création, j’ai été contactée par plusieurs éditeurs. Le contact est bien passé avec les gens de chez Michel Lafon, j’ai eu pour eux un coup de foudre affectif. Je trouve très chouette qu’un album racontant la petite enfance de ma fille ait été publié. Quand j’ai lancé le Petit précis de Grumeautique, je n’imaginais pas jusqu’où cela irait… J’ai un peu de mal à gérer cette notoriété. J’ai été ravie du succès du livre, mais je suis un peu sauvage et pathologiquement timide: je donne peu d’interviews, je ne fais pas de dédicaces, et je refuse de donner ma photo !

Quels sont vos projets ?
J’ai d’autres livres en cours pour Michel Lafon, mais j’ai peu de temps à leur consacrer pour l’instant. Mon fantasme absolu serait de créer une collection de livres pour tout-petits…

Propos recueillis par Laurence Le Saux

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Le blog de Nathalie Jomard : Petit précis de Grumeautique

Images © Nathalie Jomard.

Le Petit Grumeau illustré, éditions Michel Lafon, 16,95 €.
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