Nathanaëlle
Le monde est coupé en deux, le sous-sol et l’air libre. Dans le premier, on s’est persuadés – à grands coups de propagande – que le second est vicié et impropre à la vie humaine. Ce qui permet aux gens d’en haut de vivre tranquille, pas gêné par la fange des bas-fonds. Et de développer une vie quasi éternelle, prolongée par le transfert de l’esprit dans des corps robotiques. Mais la fille du grand ingénieur et chef suprême va déclencher le chaos et peut-être bien la révolte en passant de l’un à l’autre monde.
On n’attendait pas Charles Berberian dans ce type de projet, une histoire de science-fiction hyper classique, avec ses inégalités sociales, ses robots, ses cités aseptisées, ses manipulations génétiques ou corporelles… Mais il s’en sort honorablement, prenant le chemin de la comédie d’action, avec des personnages d’ahuris et des dialogues dignes d’un vaudeville. Au dessin, Fred Beltran propose un graphisme ultra léché, plein de détails dans les costumes, les décors, les visages, dans le style caricatural qui lui est propre (proportions physiques exagérées féminines en premier lieu), magnifié par une technique manuelle impressionnante (superbe jeu de textures et de hachures). Hélas, malgré tous ces efforts, Nathanaëlle laisse une drôle d’impression. Celle de lire une histoire des années 80, tant dans le fond SF que dans la forme, très marquée Métal Hurlant. Ce n’est pas désagréable en soi, mais ça fait quand même un peu bizarre, surtout que la science-fiction de l’époque paraît bien datée aujourd’hui et surtout moins complexe et audacieuse que celle d’aujourd’hui… Il faudrait donc prendre ce one-shot pour un exercice de style de comédie rétrofuturiste, avec un dessin au style marqué. OK, mais l’idée laisse tout de même un peu perplexe.
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