Natures mortes
Vidal Balaguer traîne son spleen à Barcelone, à la fin du XIXe siècle. Il est peintre, obsédé par son art, fasciné par sa muse, mystérieusement disparue une fois qu’il eut posé la dernière touche à son portrait. Malgré la pression de ses créanciers, Vidal refuse de vendre ses plus belles toiles, tentant de joindre les deux bouts avec des portraits de commande ou des nature mortes décoratives. Mais quand il se rend compte que quand il peint quelque chose, cette chose-là disparaît, son monde bascule…
Il est malin, Zidrou. Jouant avec l’archétype de l’artiste maudit, génie sans le sou, il invente ici de toutes pièces un peintre espagnol oublié, car ses toiles auraient quasiment toutes disparues, probablement détruites. Et il construit autour de cette figure fictive – mais dont le réalisme est appuyé par un petit dossier « documentaire » en fin d’ouvrage – une légende surnaturelle du meilleur effet. Comme souvent, il soigne ses dialogues et ses séquences, en entretenant ici le romantisme et le mystère, et surtout offre à Oriol (son complice sur La Peau de l’ours et Les Trois fruits) l’occasion de brosser des planches chatoyantes, évoquant l’impressionnisme de ce tournant du XXe siècle. L’association des deux auteurs est cohérente et produit un album de grande qualité, à la fois littéraire et pictural, léché et tous publics, pour un voyage intelligent et plein de sensations.
Publiez un commentaire