Nautilus #1
Dans une Inde coincée entre les intérêts anglais et l’appétit russe, l’agent britannique Kim – d’origine irlandaise mais élevé en Inde – se retrouve piégé alors qu’il tente de déjouer un complot. Accusé de l’attentat contre un paquebot hébergeant des dignitaires russes, étincelle qui pourrait lancer la guerre, il se voit contraint de fuir pour trouver la seule personne possédant un sous-marin capable d’extraire des eaux du port la preuve de son innocence : le légendaire capitaine Nemo !
Mélanger les univers de Rudyard Kipling (Kim) et de Jules Verne (Vingt mille lieues sous les mers), voilà une idée étonnante, mais pas si bête. À condition de ne pas se contenter de singer l’un et l’autre, et de seulement faire se croiser leurs héros respectifs. Mais Mathieu Mariolle (Kriss de Valnor, Blue Note, La Voie du sabre, Smoke City…) la joue fine en propulsant ces univers littéraires au rang de blockbuster haletant. Il brosse ainsi le décor, les enjeux politiques et le passé de Kim en quelques cases d’une rare efficacité, plonge le lecteur immédiatement dans l’action – démasquer un agent double –, balance une spectaculaire déflagration, et transforme son récit en course-poursuite à travers les montagnes et les steppes d’Asie, puis en huis-clos carcéral tendu ! Ouf ! Les personnages sont hauts en couleurs, les décors grandioses, les retournements de situation joliment improbables… Tout est fait, dans les moindres détails, pour rendre hommage aux grands feuilletons d’aventure – même la voix off dans des cartouches en forme de parchemin, ou des dialogues délicieux comme « Personne ne peut survivre à une telle chute ». La réussite de ce divertissement XXL léché tient aussi beaucoup au dessin de Guénaël Grabowski : son style classique et racé, dans la lignée des grands dessinateurs d’aventure des années 2000 (Mathieu Laufray, Ralph Meyer ou Timothée Montaigne dont il fut l’élève), réjouit l’oeil par sa profusion de détails, ses idées de mise en page et son trait puissant. Difficile de bouder son plaisir.
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