Nevada #1
Nevada Marquez est un chasseur de primes, à la fois archétypale et atypique. Il est violent, bourru, ténébreux, cupide, malin, solitaire mais doté d’un bon réseau de d’informateurs et autres truands qui lui en doivent une. Mais il ne travaille pas pour des barons de la drogue ou des autorités dépassées: il oeuvre pour l’industrie hollywoodienne, retrouvant des acteurs en perdition – au casino, au bordel, etc. – au lieu de faire les beaux devant les caméras, enrichissant par là-même les nababs de la cité des Anges. Un job lucratif dans ces années 1920, où l’Amérique vit encore dans le souvenir de son far-west et de ses colts clinquants.
Fred Duval et Jean-Pierre Pécau au scénario, Colin Wilson au dessin : l’équipe de Wonderball est de retour, à nouveau sur le terrain américain, pour une série de tomes autoconclusifs, portés par un héros à la fois détestable et attachant. Parfait personnage de série B musclée, ce Nevada est un cow-boy solitaire à moto, dans un décor de western double : carton-pâte à Hollywood, encore bien poussiéreux et dangereux côté Mexique et Basse Californie. L’idée est futée et offre des larges possibilités d’histoires glamour et noire – d’ailleurs, quelques jalons sont posés dans ce premier tome, pour explorer le passé de ce drôle de bonhomme. L’écriture de Duval et Pécau est efficace et le dessin de Wilson solide en toutes circonstances. Rien de révolutionnaire ici, donc, mais une BD de genre costaude et agréable. On ne va pas bouder son plaisir.
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Impressionnant, un tel concentré de clichés sur une masculinité dépassée en 2019 ! Moto, sexe, bagarre…Bernard de la Villardière ne doit pas être loin !
Je serais un homme je me sentirais sans doute aussi insulté qu’une femme qui lit le ELLE, et qui voit ses intérêts réduits à l’épilation et la dernière chaussure à la mode réalisée par des enfants des pays exploités (on dit « en développement » ces temps-ci, avant c’était « Tiers-monde » je crois).
L’avantage, c’est que dans quelques décennies, les humains pourront voir ça comme une pièce d’histoire, une œuvre idéologique diffusant une vision moribonde d’une masculinité bien toxique pour tout le monde.
Pour le côté artistique de cette production, je ne comprends pas trop l’adjectif « solide » pour qualifier un trait, et « costaude » pour qualifier la totalité. Ça veut dire quoi une BD « costaude » ? On peut assommer des gens avec ?
Question rhétorique bien sûr, je me doute bien que le but c’est d’emballer cette production avec le champ lexical du masculin-toxique. Est-ce qu’une seule critique de BD réalisée par une femme serait écrite avec de tels adjectifs : « solide en toute circonstance », « costaude »… ? C’est d’autant plus étonnant que ces adjectifs ne veulent pas dire grand-chose artistiquement parlant.
Bref, l’impression de lire la description d’une publicité pour voiture, pensée pour les hommes peu sûrs de leur virilité. Ça donne pas franchement envie, de mon point de vue.
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