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Nicole (et Franky), une 4e livraison époustouflante

26 avril 2016 |

couvMalgré sa dent en moins, Nicole (et Franky) n’a jamais été aussi belle. Déjà le quatrième numéro (hiver 2015) de la revue semestrielle coéditée par Cornélius et les Requins Marteaux. Magnifique vitrine de la scène indépendante, Nicole (côté Cornélius) regroupe la crème des auteurs, dans plus de 300 pages placées sous le signe de l’aventure avec un grand A : « L’aventure est partout. Mais alors où sont les aventuriers ? Peut-être dans ces pages qui n’ont ni peur du risque ni de la découverte, et moins encore de partir explorer ces contrées reculées que l’on appelle l’Humour et l’Imaginaire (…) » clame haut et fort Nicole en préambule.

Alléchant programme, dans lequel foisonnent les idées et la création : histoires courtes, illustrations inédites, interview décalée du roi du Tatoo, Moolinex, appareil critique et mêmes « bandes fantômes » coupées au montage, oubliées ou inachevées dessinent les contours d’un paysage du 9e art tourné vers l’inconscient et la fantaisie, avec ambition et sans artifices.

Ludovic Debeurme offre dans une série de dessins un troublant épilogue à son diptyque (Trois Fils et Un Père vertueux) quand Hugues Micol adapte dans une ébauche le roman de Cormac McCarthy Méridien de sang – 6 planches de recherche déjà impressionnantes, d’une BD à paraître chez Futuropolis – qui raconte le destin d’Indiens pris au piège dans le désert par leurs proies. D’autres pointures animent la revue par leur talent : Blutch, dans les bandes fantômes, propose une « suite » à Blotch, le début d’un tome 3, Didier Martiny et Philippe Petit-Roulet sont eux remis à l’honneur avec Le Crque Flop, œuvre confidentielle mais culte parue  dans Rigolo et Métal Hurlant entre 1983 et 1986  puis reformulée ensuite, où mélancolie et fantaisie se conjuguent dans une farandole de couleurs légères.

Nicole4Mais Cornélius, c’est une de ses spécialités, révèle aussi de jeunes auteurs « délicats » en leur offrant un fabuleux terrain d’expression : Jérôme Dubois nous avait troublés avec Jimjilbang, Donatien Mary avec le magnétique Que la bête fleurisse. Ils reviennent avec des récits étranges aux portes des rêves (La Station) ou lovés dans des galaxies hypersexuées, sondant le vide existentiel.

On retrouve des figures montantes, les excellents Adrien Demont et Delphine Panique aux univers déjà très personnels. Beaucoup d’auteurs français mais aussi l’Américain Sammy Harkham dans un cauchemardesque récit, l’italien Giacomo Nanni (couverture et Le Chien sauvage sur la planète des chiens) et deux incursions dans le manga avec Zuo Ma.

demont

Chaque récit est introduit par une notice qu’il faut absolument lire, sous peine de passer à côté de l’esprit de la revue. C’est souvent drôle, parfois informatif (une intégrale d’exception des œuvres de Martiny-Petit-Roulet ?) mais surtout bien vu. Nicole (et Franky), confirme sa qualité haut de gamme et constitue la meilleure revue actuelle en matière de création et d’exploration du 9e art. Au final, un panorama certes exigeant mais jamais austère car éclectique, drôle et de toute beauté. À l’image de la belle et discrète sortie signée Simon Roussin en quatrième de couverture. Bonne lecture !


Nicole (et Franky) #4, hiver 2015, Cornélius, 304 pages, 14.50 €

 

 

 

 

 

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