Niki de Saint Phalle, le jardin des secrets
Difficile d’avoir destin plus romanesque, plus fascinant, que celui de Niki de Saint Phalle (1930-2002). Née Catherine Marie-Agnès de parents désunis (son père trompait sa mère, qui la confia bébé à ses beaux-parents), violée à douze ans par son géniteur.
Ultra créative, la gamine affirme que « l’art va prendre le pouvoir », ne pleure jamais, se fait renvoyer des meilleures écoles new-yorkaises. La jeune femme se marie tôt, fuit sa famille, devient mère et apprend la peinture. Mais elle peine à materner sa fille, à supporter la liaison de son époux, finit par craquer. Diagnostiquée schizophrène, elle va dompter sa maladie mentale par l’art, s’allier à Jean Tinguely, exorciser le trauma que lui a infligé son père et devenir la célébrité que l’on sait…
Comment raconter une telle histoire, dense, triste et fascinante ? Au scénario, Dominique Osuch opte pour une linéarité simple, émaillée de beaucoup d’ellipses. Quitte à parfois lasser son lecteur, qui voit passer un peu trop sagement les péripéties d’une incroyable vie. Au dessin, Sandrine Martin use d’un joli trait et de dégradés de gris, et fait exploser ici ou là une belle palette de couleurs, rappelant le goût pour les teintes vives de la créatrice des Nanas ou du Jardin des tarots (dont des cartes marquent les chapitres). Une biographie efficace et gracieuse à destination de ceux qui ignorent tout, ou presque, de la vie de l’artiste. Qui pourrait toutefois laisser sur leur faim ceux qui ont appris à la connaître, notamment à travers l’exposition que lui a consacré en 2014 le Grand Palais.
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