Nocturno
Par Tony Sandoval. Paquet, 16,50 €, le 27 mars 2008.
On se doutait que les death-métalleux – fans ou pratiquants de musique death metal – n’étaient pas de tendres agneaux. Mais de là à s’entretuer entre confrères… L’auteur mexicain Tony Sandoval franchit le pas sans vergogne ! Limpide comme un accord de Metallica, voici le pitch de son album : humilié par son oncle, le jeune Seck fuit sa famille et trouve refuge auprès d’un duo de death metal, à ce point brillant qu’il attise la jalousie d’autres musiciens concourant pour le trophée du meilleur groupe. À partir de là, le scénario s’emballe et entremêle une douce histoire d’amour entre Seck et un joli brin de fille, avec le récit d’un violent règlement de comptes entre mâles chevelus. Partagé entre son envie de bluette et son désir de vengeance, Seck se révèle être une âme errante entretenant un rapport tout à fait singulier avec les forces des ténèbres. L’auteur agrémente ce conte morbide façon Edgar Poe ou Lovecraft (il est fan des deux) d’arrangements fantastiques et de variations réalistes, avec un sens de la fluidité tout à son honneur. Issu de l’illustration, déniché puis soutenu depuis trois ans par l’éditeur Paquet, Tony Sandoval a le don d’emprunter de séduisants chemins de traverse où son trait se révèle tour à tour juvénile, faussement naïf, puis sombre, ciselé, voire cruel. À ce titre, la séquence introductive en noir et blanc est un régal de cadrage et découpage. La suite, réalisée dans une palette de couleurs tantôt ternes, tantôt éclatantes, ne gâche rien au plaisir.
Morgan Boëdec
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