Noir c’est noir ***
Par Tim Lane. Delcourt, 14,95 €, le 7 octobre 2009.
Non, contrairement à ce que son titre français indique, il ne s’agit pas d’une bande dessinée sur Johnny Hallyday. Noir c’est noir est un recueil à la tonalité littéraire, citant Ernest Hemingway, Jack Kerouac ou Henry Miller. Des récits courts et denses plongent le lecteur dans un imaginaire flippé ou des digressions personnelles sur l’homme, l’Amérique et ses légendes. Tim Lane met en scène des hommes en crise, en perte de repère dans un monde qu’ils ne comprennent plus.
L’auteur raconte ainsi ses voyages dans des trains de marchandise, comme les hobos (vagabonds) de la grande époque, les échoués du rêve américain. « L’envie d’être ailleurs que là où on est. Le désir d’expérimenter quelque chose d’unique. Tout l’esprit de la vieille Amérique est là. Et c’est ça que je cherche. L’Amérique elle-même. Mais tout ce que je trouve, c’est le noir profond… cet immense espace vide. » Dans ses « aventures autobiographiques » comme dans ses histoires courtes, Tim Lane explore donc ce « vide », qui fait qu’un type banal quitte sa famille, que deux frères s’engueulent alors qu’ils vont être séparés pour toujours, qu’un asocial sombre peu à peu dans la folie.
Un peu d’absurde, pas mal de mélancolie et beaucoup de lucide noirceur font de ce premier volume d’une trilogie un livre à part, dur, poétique et puissant. Le dessin en noir et blanc plein de hachures – évoquant la gravure sur bois ou le travail de Charles Burns – participe du malaise général et de la fascination pour ces portraits d’hommes déchus. Ça fait mal et c’est beau. On en redemande.
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