Nous avons fait de notre mieux
Thi Bui retrace ici l’enfance de ses parents au Vietnam, tendre jeunesse pour sa mère, beaucoup plus rude pour son père. Puis leur rencontre, la naissance de leurs six enfants, jusqu’à leur fuite dans les années 1970. En toute modestie, elle explique dans sa préface que pour concrétiser son projet, elle a dû « apprendre comment faire de la bande dessinée ». Le résultat est aussi imposant que convaincant. Car l’auteure parvient à entremêler tous les points de vue – géopolitique, social et personnel – sans lourdeur ni pathos.
Le contexte historique est précis sans être trop didactique. Les personnages ou situations célèbres n’apparaissant que s’ils ont eu un impact direct sur la vie de sa famille. Avec justesse, Thi Bui se met en scène ici et là : enfant, pour que le lecteur comprenne les difficultés qu’elle a rencontrées elle-même comme réfugiée ; adulte, pour laisser transparaître ses motivations profondes et le difficile processus de questionnement de ses propres parents.
Quant au dessin, un trait sûr et une mise en couleur douce, dans un ton orangé, n’en font pas une œuvre graphique particulièrement originale, mais témoignent d’un bon sens de la composition et du rythme.
Mais, in fine, c’est cet accent « d’urgence à dire », d’abord pour elle-même puis pour le lecteur, perceptible tout au long de ces 300 pages, qui rend ce témoignage important et agréable à lire, poignant et universel. Bref, essentiel.
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