Nowhere Girl
Bonne élève, éduquée par des parents psy, dans un agréable environnement parisien, la petite Magali se prépare à affronter le collège. Pas facile, pour la plupart des 6e. Mais pour elle, le trac de la rentrée se mue en angoisse quotidienne : profs cassants, solidarité enfantine distendue, crainte de ne pas répondre aux attentes ou de ne pas s’intégrer… Magali est malade rien que d’avancer vers la porte du collège. Le diagnostic finit par tomber : phobie scolaire. Heureusement, les cours à distance existent et une bouffée d’air frais musical, incarné par sa découverte des Beatles.
Bien connue du rayon livre jeunesse avec les Paco ou Jean-Michel Caribou, Magali Le Huche se lance dans une première BD en solo (après avoir adapté Verte de Marie Desplechin ou dessiné sur des scénarios de Gwendoline Raisson), sur un sujet autobiographique. Et c’est une réussite. Car par une langue subtile et une mise en scène tout en sobriété, l’autrice raconte avec sincérité son enfance pas comme les autres, à la fois dure et douce. C’est en effet dans ces années de traumatisme et d’éloignement des copines du collège qu’elle se forge en tant que jeune fille et en tant que future artiste. Mais aussi, et c’est la partie la plus drôle, en tant que groupie des Beatles. Une incongruité dans les années 1990 ! Graphiquement aussi, elle joue le grand écart, entre un trait presque frêle rehaussé de rose doux, et des envolées colorées quand la musique de Lennon et McCartney résonne. Et tout cela tient debout, avec grâce, légèreté, et humour.
Nowhere Girl se révèle ainsi bien plus touchant que nombriliste, car Magali Le Huche pose un regard distancié et tendre sur son parcours, capable d’éclairer plus d’un lecteur sur le phénomène de la phobie scolaire, sans vouloir donner de leçon ni se positionner en référence. Elle relève ainsi le délicat pari de l’autobiographie en jouant la carte de l’humilité, et cela donne un des plus chouettes albums de 2021.
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