Nuages
Léo est un petit garçon ordinaire, dans une famille ordinaire. Mais il a un rêve, un espoir : un jour, il volera. Sauf que pour devenir pilote, il faut être bon à l’école et que, clairement, ce n’est pas son truc. Alors il vit au jour le jour, car il se dit qu’il a le temps. Un petit boulot, un coup de foudre, un deuil, l’ouverture d’une librairie, un bébé… La vie avance, le temps passe, vite, trop vite.
Avec un graphisme séduisant, empreint de légèreté, jouant sur de nombreuses cases voire doubles pages de vues du ciel comme un petit théâtre de nuages colorés, J. Personne (La Famille Yacayoux) développe une histoire à la fois simple et ambitieuse : celle d’un garçon rêveur, qui devient un ado, puis un homme et un vieillard, passant par toutes les émotions, de l’allant à l’aigreur, de la tendresse à la mélancolie. Avec un propos : les rêves permettent de s’accrocher à l’existence et d’avancer coûte que coûte, mais à quoi bon s’ils ne restent que des rêves ? L’idée n’est pas inintéressante, mais compresser toute une vie en un album est un pari complexe, qui entraîne ici une avalanche de clichés, d’autant que la narration, très déliée, n’offre que peu d’espace pour la caractérisation poussée des personnages ou des interrogations moins superficielles. Bien sûr, cet album se pose comme un miroir – un peu déprimant – qui demande au lecteur de se questionner sur ses propres choix. Mais il semble difficile de se projeter dans cet antihéros pâlot et ses mésaventures banales, même si le fil rouge onirique demeure une bonne idée. On avait l’espoir que ces Nuages-là nous fassent décoller, hélas ils ne volent pas très haut.
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