Par Alfio Buscaglia et Mathieu Mariolle. Glénat, 13 €, septembre 2009.

La recherche en génétique fascine et effraie. Car si le travail sur le génome humain et les cellules souches suscite de grands espoirs thérapeutiques, la manipulation de l’ADN – et par extension de la nature même de l’Homme – ouvre la porte à toutes les dérives. C’est ce thème qui sous-tend Nuisible, un polar mâtiné de science-fiction, pas si éloigné de la réalité… Dans ce premier volume, plusieurs fils narratifs tissent une toile complexe: l’assassinat d’un chercheur, l’effraction dans un laboratoire, les actions militantes de défenseurs des animaux, la parole de chrétiens intégristes, des discussions éco-diplomatico-juridiques, mais aussi un monolithe étrange, des rats géants et une plante drôlement vivace…

Difficile de s’ennuyer dans ce premier tome, dense et riche en personnages et en événements. Entre la belle enquêtrice de la Crim, le timide spécialiste des plantes disparues, le responsable juridique d’un grand labo, le chercheur frimeur et tous ceux qui gravitent autour d’eux, il y en a presque trop ! Mais ces destins séparés vont immanquablement se croiser dans la suite de la série, et le voile se lever sur tous les mystères à peine entrevus ici. Frustrant mais prometteur, ce début de série n’élude pas les questions qui sous-tendent le thème de la génétique: la morale, l’économie et l’accès des populations pauvres aux résultats de la recherche, le délicat contrôle politique du travail des labos, le poids de l’opinion publique et des lobbies… Un peu comme un mélange entre les séries télé Heroes, ReGenesis et Fringe. Car l’action est également au rendez-vous, avec ce qu’il faut de morts, d’accidents bizarres et d’intrigues amoureuses. Porté par le beau dessin synthétique mais vivant d’Alfio Buscaglia (Le Missionnaire), Nuisible a le potentiel pour devenir un très bon thriller d’anticipation. Réponse au prochain tome.

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