Umiko, 65 ans, vient de perdre son mari. Elle qui avait l’habitude de partager son quotidien, doit réapprendre à vivre sans lui. Elle s’offre par exemple une séance de cinéma, ce qu’elle n’avait plus fait depuis longtemps. En plus d’apprécier grandement son visionnage, elle rencontre Kai, un étudiant en cinéma qui va réveiller en elle son désir créatif. À cet âge avancé, les décisions sont à prendre rapidement, ou à repousser à jamais. Ni une ni deux, la voilà partie pour réaliser un rêve enfoui depuis une éternité : devenir réalisatrice.

Au travers du parcours de cette mamie qui s’inscrit à l’université pour entamer une nouvelle partie de son existence, John Tarachine conte une histoire d’amitié intergénérationnelle qui attendrit. À l’image de la série BL Métamorphose, les liens que créent l’héroïne et les personnages principaux sont touchants, d’autant plus qu’il ressort beaucoup d’humanité de leurs relations.

De retour à la tranche de vie sensible avec laquelle on l’avait découverte en France grâce à Goodnight, I love you, John Tarachine puise dans son expérience personnelle d’ex-étudiante en cinéma. En effet, en plus de mettre en avant des échanges bienveillants, un message d’ouverture à l’autre et à la différence, Ocean Rush est aussi un message d’amour du 7e art. L’autrice n’hésite par exemple pas à faire des clins d’œil dans ses pages de chapitres, mais aussi à parler de technique, d’approche artistique, ou tout simplement à explorer le médium et l’acte de création sous différents angles.

Avec un dessin plus affirmé transmettant plus franchement les émotions, la mangaka parvient à tirer son épingle du jeu sans forcer le trait, mais en l’amenant à sa plus juste expression. Pas étonnant que le titre ait été nommé au prestigieux Prix Culturel Osamu Tezuka 2023 et ait terminé en 2022 à la première place de l’exigeant classement du meilleur manga féminin au « Kono Manga ga sugoi ».

© 2021 by John TARACHINE (AKITASHOTEN) – Traduction : Olivier Malosse