Oceania Boulevard
Mortenson, flic atypique et renfermé, se voit attribuer la lourde tâche d’enquêter sur le surprenant suicide de Pol Riviera, présentateur télé star et dénicheur de talents. Bien sûr, les investigations sont pilotées par la chaîne et on attend de Mortenson, inspecteur placardisé et manipulable, de trouver un coupable idéal, qui ne compromettera personne. Mais le policier prend son boulot (et la secrétaire du défunt) à coeur et va se retrouver embourbé dans une affaire extrêmement bizarre qui le dépasse…
Il y a indéniablement du Lynch, du Burroughs et du Cronenberg dans ce livre de Marco Galli, le premier publié en France pour cet artiste italien. Chambre mystérieuse, vidéo de torture, trou visqueux dans la poitrine, songes poisseux, personnages improbables et souvent dégueulasses… Comme si Le Festin nu avait été mixé avec Twin Peaks. Le parcours de Mortenson démarre ainsi comme un rêve bizarre avant de se transformer en cauchemar absurde et mortel dont il semble impossible de se réveiller. Narrant son enquête en voix-off, le héros entraîne de force le lecteur dans ses monstrueuses découvertes (et sa propre folie?), le système visuel de Galli – deux cases par page, comme des plans de cinéma – renforçant cet effet d’enfermement mental. Visuellement, d’ailleurs, Oceania Boulevard sera une claque pour tous les amateurs de récits de SF des années 1970-80, avec un trait fin comme tremblotant, des petites hachures mouvantes, des planches ostensiblement salies, des couleurs hirsutes. Ce parti-pris jouissif permettra d’avaler sans avoir trop mal au crâne l’intrigue bizarroïde et la spirale glauque finale, qui conclut de jolie manière un album de genre résolument curieux.
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