Octofight #1
La France de 2050 doit faire face à une surpopulation des plus de 80 ans : gouverné par des partis se réclamant du gaullisme à tort et à travers, le pays a décidé d’imiter ses voisins européens et d’euthanasier ce 4e âge improductif et coûteux. Rayé des comptes de la Sécu et des mutuelles pour avoir été contrôlé positif à la nicotine, le vieux Stéphane Legoadec doit fuir sur les routes avec sa femme Nadège, pour échapper à la police et à la fatale piqûre. Il va tomber sur une zone de non-droit, où des gangs organisent des combats de vieux…
L’idée de Nicolas Juncker (D’Artagnan, journal d’un cadet, Immergés, La Vierge et la Putain…) est très alléchante : comment gérer, dans un pays vieillissant, les personnes âgées devenues majoritaires, et surtout celles qui ne peuvent plus travailler et résistent grâce à de soins toujours plus chers ? Il répond à ce questionnement en décrivant un virage politique populiste voire carrément fasciste, bien aidé par le développement des technologies et du big data. Bref, les vieux sont traqués et euthanasiés, dans une société qui a définitivement dévoyé la démocratie et laissé les ultras aller se cacher on ne sait où, entre banlieues abandonnées et forêts. Problème, le scénariste en fait trop, des tonnes, dans tous les sens. À la fois dans son parti-pris dystopique et surtout dans son ton potache. L’ironie sied bien à une histoire d’anticipation sociétale, mais la grosse vanne moins. Ici, le ressort comique, appuyé par l’efficace dessin cartoon de Chico Pacheco (dessinateur d’Un jour sans Jésus, déjà sur un scénario de Nicolas Juncker), se nourrit d’une surenchère permanente. Jusqu’à la dernière partie de ce premier tome (sur trois, les deux autres étant programmés pour le second semestre), où la violence – là aussi cartoonesque – explose avec les combats d’anciens. Mais encore une fois, les duels se font à coups de déambulateurs ou pacemakers trafiqués, ajoutant une couche de gags supplémentaire. On est censé rire, les auteurs insistent. Sauf que non.
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