Olympia
C’est peu dire que La Grande Odalisque, publiée en 2012, réalisée à six mains par Bastien Vivès, Florent Ruppert et Jérôme Mulot, nous avait plu. Quelle suite les auteurs allaient-ils donner à cette aventure trépidante, inspirée de la série animée japonaise Signé Cat’s Eyes, aux dialogues percutants, ultra contemporains ? Olympia reprend le fil d’une histoire qu’on croyait terminée — le précédent album s’achevait sur la mort supposée, en pleine action, de Carole, membre d’un trio de voleuses de tableaux. Surprise : Carole est mal en point mais en vie, et refuse de se signaler à Alex et Sam, ses deux compagnes en truanderie.
Ces deux dernières font leur deuil de leur amie comme elles peuvent : l’une est ultra sérieuse, travaille sans fin, tandis que l’autre se perd dans des soirées alcoolisées et saupoudrées de cocaïne. Après un cambriolage réussi au Musée de l’Armée, les voilà aux prises avec un commanditaire cruel, qui détient Carole enceinte (!), réclame la Vénus endormie de Giorgione, la Vénus d’Urbin du Titien et Olympia de Manet — rien que ça —, et leur impose un garde-chiourme / tueur 24h/24. Le trio va se reformer pour prendre le Petit Palais d’assaut, avec des méthodes (plongée sous-marine, utilisation d’un missile…) dignes de la franchise Misson : impossible.
D’abord fort réjouie de retrouver ces pétulantes héroïnes, on trouve vite le fil un peu épais — voire qu’il est un brin facile de ressusciter l’une d’elles, puis de la ressortir du tiroir au hasard d’une péripétie. Qu’importe, on a envie d’y croire, de revoir nos pétroleuses exceller dans leur « art ». Assez vite, il semble toutefois que les auteurs n’ont pas grand-chose de nouveau à raconter, et parviennent mollement à donner chair aux personnages. Le tempo est vif, les vannes fusent, l’ensemble est globalement distrayant, mais la fraîcheur semblent s’être estompée. Les dessins (toujours gracieux) et le découpage (allègre et habile) ne sont pas en cause. C’est bien le fond, plutôt que la forme, qui pèche. Surtout en refermant Olympia, après un rebondissement énorme au parfum d’artifice bien pratique, qui pourrait justifier un troisième épisode de ce qui n’était, au départ, un one-shot.
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